Je n'ai jamais vu à quoi ressemblait la fin de saison des séries d'Alan Ball, n'ayant pas eu le courage (si je l'aurais un jour) d'aller jusqu'à la fin de la première saison de Six Feet Under. L'occasion de voir comment il s'y prend avec True Blood et force est de constater qu'il n'y a presque rien à constater en réalité : on a là un épisode assez vide, qui donne peu l'air de préparer la fin de la première saison d'une série, mis à part quelques révélations. C'est dommage puisque le potentiel est là mais on a l'impression que la série compte sur sa jolie photographie et son ambiance hors-norme pour compenser une certaine lacune scénaristique constante qui se manifeste par des répétitions dans les intrigues sans grand impact sur la situation de la majorité des personnages à l'aube du final (Sookie, Bill et Sam principalement)
Bref, ça reste un épisode de True Blood donc on ne s'ennuie pas vraiment. Il n'y a pas d'intrigue réellement meilleure que d'autre, juste cinq intrigues qui sont à peu près du même niveau, même si j'ai une maigre préférence pour Bill donc je vais commencer par cela (toujours un dilemme de savoir par quoi commencer une critique quand les intrigues sont nombreuses vous savez).
On est dans la pur continuité de l'épisode précédent, Bill a converti une femme humaine en vampire sous les ordres du Magister, interprété par Zeljko Ivanek. La subtilité de l'intrigue vient sûrement du fait que les scènes sont d'ordre comique alors qu'on soulève un tas de trucs intéressants : Jessica devenant hystérique à l'idée de devenir vampire et de mettre sa vie en tant que mortelle derrière elle et par conséquent les maux de son quotidien : le caractère immortel du vampire lui fait croire qu'elle peut vivre comme elle veut sans avoir à en subir les conséquences. C'est très bien écrit, très bien ficelé, personnellement j'ai beaucoup aimé le jeu d'actrice aussi. Encore une fois, cette comparaison entre les mortels et les immortels est passionnante dans le sens où on sort des arguments qui favorisent la vie vampirique alors qu'on joue beaucoup sur l'ironie continuellement.
La question de l'immortalité revient dans l'intrigue de Jason et Amy après l'explosion du vampire (excusez le terme, je vois pas d'autre moyen de décrire ça vu que par défaut un vampire est immortel) Jason culpabilise d'avoir tué quelqu'un, Amy le rassure en lui disant qu'il était déjà mort. C'est peut-être moins approfondi que ce qui concerne Bill et Jessica dans la forêt mais on en retire quelque chose d'assez fort sur la valeur de la vie vampirique sans que cela en soit une. Ca reste d'une subtilité impressionnante.
En attendant, Amy est tuée par le tueur après avoir avalé ses dernières gouttes de V avec Jason : un lien ? Peut-être. Cela dit, la fin ne fait que de confirmer mon intuition de l'épisode précédent comme quoi le tueur est le type qui s'est marié avec la rousse là. Et évidemment, Jason se dénonce. Cette fin par contre n'est pas terrible et ne donne pas forcément envie de se lancer dans le suivant.
Lafayette vient ressortir un nouvel attrait du show et de cette première saison : l'indignation contre la discrimination. Que ce soit des vampires, des homosexuels ou d'un groupe éthnique quelconque. Un des leitmotivs du show reste la démonstration que les vampires sont tels que les humains et par conséquent ils méritent les mêmes droits. On ne fait que de la répétition, mais voir Lafayette soutenir la communauté homosexuelle, la sienne par essence, est inédit et j'ai bien aimé ce point.
Le reste est beaucoup moins intéressant car trop classique. Déjà ce qui concerne Sam et Sookie et leur road trip, bof. Si c'était pour mener à un pseudo-rapprochement des deux personnages pour ensuite que Bill vienne, pète la gueule à Sam et dise à Sookie qu'il a tout fait pour la retrouver, c'est peu recherché.
L'intrigue de Tara en revanche est plus ambitieuse mais ne relève rien de marquant. On a une énième confrontation entre elle et sa mère, elle se retrouve seule (en prison, accessoirement) mais elle est hébergée par une femme un peu mystérieuse sur les bords qui a sûrement une idée derrière la tête. Ca peut mener à des histoires intéressantes mais je vois déjà à quoi ressemblera l'épisode suivant à moins d'une surprise réellement étonnante de son côté.
En bref : On tient du True Blood classique, pas transcendant, pas mauvais, qui soulève quelques points intéressants mais qui mise trop sur son ton atypique pour camoufler le tout et masquer des lacunes scénaristiques parce qu'on a petit à petit l'impression de revoir les mêmes thèmes se développer depuis plusieurs points de vue simplement. Espérons que la saison 2 soit plus solide et créative même s'il reste encore le final à voir. Je suis sceptique.