La pertinence d’un état indépendant

Publié le 06 janvier 2009 par Le Détracteur

Ce billet sera émotif, mais je n’en ai cure. Il faut que ça sorte.

Hier, un sondage de La Presse indique que les libéraux seraient majoritaires s’il y avait des élections demain matin, et que l’option souverainiste est maintenant à 35%. Puisque le sondage a été commandé par Gesca, j’aurais été fort surpris de voir des chiffres différents.

Peu importe ce que dit La Presse, il est vrai que l’idée de l’indépendance du Québec est dans l’eau bouillante. Les gens ne semblent plus voir la nécessité d’être un pays. Ils ne le sentent pas. Leur partisanerie n’est plus alimentée.

Ceci m’emmène à me poser une question : Qu’est-ce qui influence le sentiment indépendantiste chez ceux qui changent souvent d’idée ?

Peu importe les réponses, elles sont sans doute sincères, mais je suis convaincu qu’elles ne sont pas bonnes.

Après plusieurs discussions avec différentes personnes, et un peu de réflexion personnelle, j’ai pu tirer quelques conclusions qui, selon moi, expliquent la baisse de popularité de la cause.

On ne nous méprise pas assez.

Durant le scandale des commandites, l’appui à la souveraineté a dépassé le 50%. L’option a donc perdu 15 points depuis l’avènement des conservateurs.

À l’époque Trudeau, jamais les Québécois n’ont été aussi méprisés et détestés par le gouvernement fédéral en place. Et ça a continué avec les années où Jean Chrétien était au pouvoir. Les Québécois se sentent solidaire face au mépris et la haine des autres. Et également devant le refus des autres. Le parti Libéral Fédéral avait un point important dans son programme officieux: Refuser toute demande du Québec qui pourrait renforcer les pouvoirs de la province de quelque manière que ce soit.

Maintenant, nous avons Harper. Harper ne nous déteste pas. Harper ne réfute pas toutes nos demandes. Harper ne prend même pas du temps pour parler des effets secondaires de l’indépendance. Harper nous fait quelques cadeaux. Mais en gros, Harper nous ignore. Nous ne faisons même pas parti de son plan. Pour certains, ce sont toutes d’assez bonnes raisons pour rayer de la carte l’idée de l’indépendance nationale.

On ne crève pas assez de faim et nous ne sommes pas assez opprimés.

Il y a le Tibet, il y a tous les pays d’Afrique, il y a l’inde, il y la population de la Chine. Ça va mal ailleurs. Je n’ai pas le choix d’en convenir. Et je n’ai pas le choix non plus de dire que comparé à bien des endroits, nous sommes gras durs.

Mais est-ce qu’un cause est moins bonne qu’une autre? Est-ce qu’on doit uniquement se ranger derrière une seule cause? Et surtout, est-ce que le fait que “ça pourrait être pire ici” est une raison suffisante pour ne pas faire avancer les choses?

Beaucoup de gens me donnent l’impression qu’ils seraient plus sensibles à l’idée de devenir un pays si tout allait mal. D’ailleurs, quand j’y pense… cela ne va pas si bien que ça ici. Les gens s’en plaignent tous les jours…

Pierre Bourgault disait que l’indépendance, ce n’est pas que pour les peuples parfaits. Ce n’est pas non plus que pour les peuples opprimés.

On a peur du changement et de l’acte.

Considérez le dernier point ci-haut, comme quoi l’indépendance n’est pas une récompense pour les peuples parfaits. Plusieurs indécis vont dire “Je voterais OUI si on m’assurait que ça se passera bien, que tout irait mieux et que rien dans mon quotidien ne serait perturbé, etc“. Mais voyons! En tant que province, nous sommes déjà loin d’être parfaits. Tout est loin de bien aller. On ne change pas cela du jour au lendemain lors d’une déclaration d’indépendance! Ça se travaille ça!

Mais pour améliorer les choses, il faut qu’elles changent! Mais ces gens ne veulent pas que rien ne ne change, de peur que ça modifie leur petit confort égoïste. Et ce sont ces mêmes girouettes qui votent pour celui “qui promet le plus de changement”.

Il faudrait se décider là. Le seul changement qu’il peut y avoir dans le câdre canadien, c’est une rotation entre les partis fédéralistes de la province (et j’inclus là dedans le Parti Québécois). À l’exception près d’une des propositions de Pauline Marois, soit des gestes de souveraineté. Bien que je ne sois pas d’accord avec tout ce qu’elle propose, ça je le souhaitait déjà bien avant que ce soit d’actualité.

Pourquoi? Parce que là, on va jouer dans les plates-bandes canadiennes et prendre le pouvoir à des endroits où ce n’était réservé qu’aux ministères fédéraux. Mais la populace parait-il, ne veut pas de ça non plus. On veut que les choses changent, mais on ne veut pas être obligé d’AGIR. Et lorsque quelqu’un propose d’agir, on a peur que trop de choses changent.

En conclusion…

Je voudrais conclure en vous expliquant que JAMAIS nous n’avons été aussi mal représenté par le gouvernement en place à Ottawa. On se plaint que Harper est à l’opposé des valeurs des Québécois, qu’il exagère dans ses gestes dans les affaires étrangères et environnementales. Pourtant, l’appui à l’indépendance chute sans cesse. Nous avons présentement toutes les raisons du monde d’être insatisfait d’un gouvernement qui gère tout ce qu’il veut dans ce pays sans se soucier de ce que nous en pensons.

Ils s’en soucient tellement peu qu’ils ne prennent même pas la peine de nous mépriser et de nous refuser ceci ou cela. Les conservateurs ne font qu’à leur tête, en nous ignorant. Et plutôt que de tenter de vouloir renverser ce système, les gens de certaines régions se rangent de leur côté “parce que lui, au moins, il gouverne”. Oui, bien sur que c’est rare, ça, un premier ministre qui gouverne. Si je voulais être démagogue, je vous demanderait : “Est-ce que vous embarqueriez avec une des rares personnes qui pilote, même si elle pilote tout croche, vous?”

L’indépendance ce n’est pas un bonbon qu’on gagne après un long combat. C’est le début. C’est un tremplin, le seul moyen de pouvoir construire notre société comme nous la voulons, avec les valeurs qui nous représentent, indépendamment de ce que pense un anglophone d’Alberta. Il me semble de plus en plus évident que nous n’avons pas notre place dans ce pays. Mais l’absence de scandales et de mépris semble avoir engourdi mes compatriotes.

J’attends donc un nouvelle étincelle qui mettra le feu aux poudres…

Un billet signé Le détracteur Constructif