Un amusant basculement de situation se produit vers les 12 mois de bébé. Avant, les parents jouent à confronter leurs talents de dressage et exhibent leur bête de cirque à chaque exploit : le mien a déjà une dent, déjà des cheveux, déjà dit « papa maman ». Jusqu’au jour où l’une des situations suivantes se produit (voire les 3 à la fois) :
- Afin de vous convaincre de le porter alors que vous vaquez à d’autres occupations, après avoir agrandi tous vos pantalons durant les premiers mois de son existence, bébé a décidé de s’attaquer à vos pulls (ici il faut visualiser le bébé les bras en l’air qui tire avidement sur vous en geignant « pa pa pa pa » )
- Alors que vous trouvez formidable qu’il parvienne enfin à s’amuser tout seul, ce qui vous laisse le temps de prendre un apéro tranquille, votre bébé vient vous voir et brandit fièrement les lames de scie sauteuse que vous aviez pourtant rangées SUFFISAMMENT haut. Mais si, chérie, je t’assure.
- Après 3 jours de recherches incessantes (et de réduction aussi drastique qu'involontaire de votre empreinte carbone), vous retrouvez les clés de votre voiture – normalement rangées sur la console de l’entrée – mises en sécurité dans le donjon rose du château Duplo.
Car si le monde est suffisamment bien fait pour que le comportement godzillesque des petits d’hommes soit rendu relativement inoffensif par leur taille, ce dernier acquiert des centimètres en même temps que sa capacité à différencier l’autorisé de l’interdit. Et même un tout petit peu plus vite, en fait.
On a tous en tête des images d’inondations, où des malheureux tentent de sauver leurs biens en les remontant toujours plus haut, dans l’espoir que la ligne des eaux ne les atteigne pas. Hé bien vous pouvez visualiser les intérieurs des jeunes parents, qui hésitent entre acheter deux palettes de parpaings pour surélever l’ensemble de leur mobilier ou creuser le sol de la maison pour gagner 20 centimètres et une année supplémentaire.
Vous direz, faudrait savoir, il y a deux mois elle était trop petite, maintenant elle est trop grande. Je répondrai que la capacité des jeunes parents à oublier est proportionnelle à celle de leurs enfants à apprendre.