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Storytelling, modernité liquide et Gaza : l’exemple de la vidéo amateur diffusée sur France 2

Publié le 06 janvier 2009 par Lilzeon

Ca fait mal au coeur gaza palastin 01/01/2009 choc
envoyé par sahsah83

Citoyens ! La vidéo ci-dessous a été diffusée sur France 2, et présentée comme décrivant la situation en ce moment même à Gaza. Or on a appris que cet extrait datait…de 2005.

Explications d’Olivier B. sur LePost :

“Alors qu’Israël poursuit ses bombardements sur Gaza, les journalistes n’ont plus le droit d’accéder à la bande de Gaza pour témoigner de ce qu’il s’y passe.
Aussi, quand circule une vidéo, présentée comme filmée au téléphone portable, montrant les ravages sur des civils gazaouis, grande est la tentation de prendre le monde entier à témoin. “

Extrêmement compliqué donc dans notre modernité liquide (un temps beaucoup plus raccourci pour règler une myriade de problèmes, donc la nécessité de prioriser et de trouver des raccourcics…) de vérifier les sources, et de savoir à quelle histoire correspond un contenu.

Car il s’agit bien d’orienter l’opinion comme l’affirme Jean-Baptise Gallopin :

“L’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza répond à deux objectifs. D’une part, démontrer à l’opinion publique israélienne sa détermination à combattre le Hamas, dans un contexte préélectoral marqué par une surenchère à droite. D’autre part, réaffirmer la stratégie de dissuasion d’Israël, qui était apparue décrédibilisée après la guerre contre le Hezbollah de 2006.”

Façonner la storyline du conflit, déterminer quels en sont les épisodes…Soubrouillard nous livre quelques éléments intéressants sur Betapolitique à propos de la chaine YouTube ouverte côté israélien:

“Une réponse à la très forte présence des militants islamistes palestiniens qui utilisent de façon intensive les forums et les vidéos. Une « guérilla de marketing » selon l’expression du journaliste Laurent Supply, un phénomène aussi vicieux qu’il est intéressant tant il déréalise le combat, transformé en guerre des images, qui prend alors une tournure presque ludique.”

Baudrillard analysait déjà en 1981 ces guerres d’images dans Simulacres et Simulation : “ Il ne s’agit plus d’imitation, ni de redoublement, ni même de parodie, mais d’une substitution au réel des signes du réel, c’est-à-dire d’une opération de dissuasion de tout processus réel par son double opératoire, machine signalétique métastable, programmatique, impeccable, qui offre tous les signes du réel et en court-circuite toutes les péripéties .

Le problème étant que quand la situation “source” n’est pas couverte par le journaliste, on ne peut s’informer que via du témoignage en ligne. Mais au-delà de la propagande institutionnelle ou militaire, des citoyens comme Hope Man et Peace Man (l’un et l’autre co-écrivant des 2 côtés) essaient justement de se réapproprier leur propre histoire :

“The day after the war we want to start finding ways to work together and create a normality. We are only several kilometers apart and that will never change. It is extremely important to widen our dialog and create trust between those that are willing to talk. To share our stories, fears and hopes.”

La (seule) bonne nouvelle étant que la conversation a toujours pu passer au-dessus des murs. On peut donc espérer que ce qui s’applique au marketing de marques rejoigne un jour le “marketing de guerre”; le problème étant que pour l’instant, “l’opinion” est sur place favorable à la guerre.


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