Twilight - Fascination de Catherine Hardwicke

Par Geouf

Résumé: La jeune Bella, 17 ans, est obligée d’emménager chez son père qu’elle connaît très peu, suite au remariage de sa mère. Quittant le soleil de Phoenix, elle se retrouve dans la petite ville pluvieuse de Forks, état de Washington. D’un naturel discret, elle ne tarde cependant pas à se faire des amis et à s’intégrer. Son attention se porte néanmoins très vite sur la mystérieuse famille Cullen, et notamment sur le jeune Edward, qui semble l’éviter. De plus en plus fascinée par le jeune homme, Bella est prête à tout pour percer à jour le mystère qui l’entoure…

 

Enorme succès surprise aux Etats-Unis cet hiver, Twilight est l’adaptation du premier tome d’une série de best sellers pour ado écrite par Stephenie Meyer. Une série de livres s’attachant à décrire la romance entre une ado et un vampire vieux d’une centaine d’années. Cela vous rappelle quelque chose ? Difficile en effet de ne pas faire le rapprochement avec le célèbre couple Buffy/Angel immortalisé dans la série culte de Joss Wheddon. Difficile aussi pour le nouveau film de la réalisatrice de Thirteen et des Seigneurs de Dogtown de soutenir la comparaison avec le fantastique univers développé par le créateur de Firefly

Parce que finalement, Twilight c’est juste Buffy sans la composante « tueuse de vampires », soit une romance à l’eau de rose sans la composante action et humour qui faisait le sel de la série de Wheddon, et sans sa complexe mythologie. Le film passe donc des heures à présenter la relation entre Bella et son bellâtre vampire. Et si la jolie Kirsten Stewart s’en sort plutôt bien dans le rôle de la jeune fille perdue, difficile d’en dire autant du mollasson Robert Pattinson qui peine à rendre crédible son personnage. Il a beau répéter tout du long qu’il est dangereux pour Bella de l’approcher, on ne ressent jamais ce danger, même lorsqu’il prétend avoir une furieuse envie de gouter à son sang. Encore une fois, la comparaison avec Buffy fait très mal. Impossible en effet d’oublier la révélation de l’état vampirique d’Angel dans la première saison de la série, à travers la surprenante transformation de celui-ci. Pattinson ne possède malheureusement pas une once du charisme animal nécessaire à l’interprétation d’un tel personnage et se révèle d’une fadeur à toute épreuve (on a franchement du mal à imaginer qu’il a presque une centaine d’années). Malgré tout, le début de l’histoire se suit sans trop de déplaisir, grâce au petit côté policier de l’intrigue, rythmée par la découverte progressive par Bella de la nature d’Edward.

Mais le film commence à se vautrer dans le ridicule à partir du moment où la belle découvre que son amoureux est un vampire et que celui-ci lui dévoile l’étendue de ses pouvoirs. Visiblement peu à l’aise avec les effets spéciaux, Catherine Hardwicke foire quasiment toutes les scènes faisant intervenir les pouvoirs des vampires. Impossible de garder son sérieux lorsqu’Edward fait des sauts de 5 mètres ou lorsqu’il gravit des arbres façon singe avec Bella accrochée sur son dos. Le summum du ridicule est atteint lors d’une pitoyable partie de base ball en famille rythmée par la chanson Supermassive Black Hole de Muse. Hardwicke enchaine ici les effets de style tape à l’œil pour une scène intégralement foirée et d’une laideur à toute épreuve. Autre grand moment de portnawak, la révélation de l’effet du soleil sur les vampires. Car non, ils ne brûlent pas au soleil, mais se mettent à scintiller. Une idée originale sur le papier, mais qui passe très mal à l’écran, étant au mieux peu visible et au pire très moche visuellement. A vrai dire, le seul moment ou Hardwicke se débrouille correctement avec les effets spéciaux, c’est lors de l’affrontement final entre Edward et un affreux vampire qui veut lui manger sa dulcinée. Le lieu de la bagarre est original (une salle de danse) et magnifiquement éclairé, et le clash entre les deux créatures de la nuit, bien que trop court, est brutal et sauvage, et fait enfin surgir la face bestiale des personnages.

Alors finalement, ce Twilight a-t-il tout de même quelques qualités ? Oui, quelques-unes, mais bien disséminées dans le marasme du reste du métrage. Il y a donc cet affrontement final déjà mentionné. Il y a aussi cette façon originale de légèrement dépoussiérer le mythe du vampire. Ils peuvent ici sortir au grand jour, et ne peuvent être tués qu’en étant démembrés et brûlés (mais n’espérez pas de débordements gores, car le film reste très soft). Ils possèdent des pouvoirs psychiques, comme lire dans les pensées ou prédire l’avenir. Certains personnages secondaires sont aussi assez intéressants, même si trop sous-exploités, comme les autres membres de la famille Cullen ou encore le père de Bella (Billy Burke, vu entre autres dans Fracture aux côtés d’Anthony Hopkins), bourru mais aimant. On sent qu’il est reconnaissant d’avoir récupéré sa fille et veut faire des efforts pour elle, mais ne sait pas toujours comment s’y prendre. Sa relation avec Bella est d’ailleurs la plus juste et la plus touchante du film. Dommage que ce ne soit pas le cas de celle entre Bella et Edward…

Twilight n’est donc malheureusement qu’un énième produit aseptisé et calibré, une romance à l’eau de rose pour midinettes fans de Tokyo Hotel qui n’arrive jamais à s’élever au-delà du simple divertissement basique et sans saveur. Espérons que sa suite, réalisée cette fois par Chris Weitz, remonte un peu le niveau (même si le doute est permis, vu la relative pauvreté de la mythologie développée dans ce premier opus).

Note : 4/10

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