Édition à compte d'auteur, auto-édition, impression à la demande ou plutôt print on demand... tout cela maintenant se rapporte à la même réalité : l'auteur peut être son propre éditeur, grâce aux services de Lulu et maintenant de CreateSpace, appartenant à Amazon depuis 2005.
Mais c'est faire l'impasse sur l'apport de l'éditeur au texte de l'auteur, diamant brute qui attend d'être taillé, et surtout, c'est flatter le désir de reconnaissance de tout auteur que de lui proposer d'endosser lui-même l'habit de l'éditeur et de voir son manuscrit devenir un livre (même si dans la pratique, ce genre de service est plutôt utile pour l'impression d'œuvres non-littéraires : thèses, mémoires, etc.).
Mais, en plus de se passer d'éditeur, l'impression à la demande nécessite de la part de l'auteur d'assurer lui-même la promotion de son livre s'il veut le vendre à plus d'un exemplaire.
Finalement, on obtient un livre que rien ne vient légitimer (alors que l'objet livre imprimé est sensé au contraire concrétiser la possibilité d'une reconnaissance) : ni l'œil acéré de l'éditeur, ni l'avis des libraires, et encore moins celui de la critique littéraire (qui a déjà suffisamment à faire avec les livres publiés à compte d'éditeur), ne croisent le parcours du livre imprimé à la demande. On obtient une effervescence de livres aussi rapidement oubliés qu'imprimés et qui voudrait faire mentir le précepte qu'il n'y a d'auteur que publié (sous-entendu à compte d'éditeur).