« The song of a dark angel » is a medieval whodunit. Written by a professor of medieval history, it gives us the taste and the knowledge of old England. In those times under the reign of Eduard the First, nature was not friendly for human beings. The wind, the fog, the night were bad and maybe the Devil was running in. Hugh Corbett, clerk of the King, investigates around the Wash, a land where the wind is singing as a dark angel…
S’instruire en s’amusant, n’est-ce pas la meilleure des choses ? C’est ainsi qu’un éminent professeur anglais d’histoire médiévale nous en dit beaucoup sur le règne d’Edouard 1er, entre 1272 et 1307. L’Angleterre est féodale, maritime, campagnarde. Le vent du nord souffle avec rigueur sur la côte est, au-dessus de Londres, près de Norwich, là où quatre rivières se jettent dans la mer du Nord, dans l’estuaire du Wash.
Ce vent est appelé l’ange noir et sa complainte ne fait pas seulement froid dans le dos ; elle fait naître des figures fantastiques, démoniaques parce que, là où la nature est rude, les éléments apparaissent « méchants ». La marée fait refluer le flot dans le Wash à la vitesse d’un cheval au galop. Le roi en fuite Jean-sans-Terre y perdit son trésor. Les falaises de craie creusées de grottes s’écroulent parfois sous les pas du promeneur imprudent. Surtout de nuit lorsque de mystérieuses lanternes clignotent sur la mer, laissant entrevoir de louches trafics. Il suffit de passer sur la lande, par un soir désolé balayé de fort vent, pour entendre grincer le gibet où grimacent des crochets : n’est-ce pas là qu’une accorte boulangère fut retrouvée pendue à une corde de chanvre enduite de poix, sans qu’aucune trace n’y mène ? Pourquoi les tombes des inconnus du cimetière ont-elles été profanées ? N’est-ce pas l’œuvre de « la sorcière », cette vieille femme au fils simplet, qui connaît les herbes et soigne en rebouteux ? Et que signifie ce cadavre décapité d’un serviteur du comte, retrouvé au bord du flot, comme si le diable était venu l’y prendre ?
Nous sommes dans l’Angleterre du XIIIème siècle en proie à la violence, à la débauche et à la superstition. Le roi est faible et se laisse manœuvrer, piller ; les rusés s’enrichissent en vendant de la chair vive, surtout jeune et blonde, fort prisée dans les pays du Levant ; d’étranges mystiques, les Pastoureaux, s’installent en écolos sur les terres en friche et attirent à leur communauté libre les très jeunes gens avides de quitter le carcan familial ; d’autres se réfugient en monastères – où ils mènent une existence fort agréable, ma foi. Les hobereaux dépendent du roi, mais le roi est loin, et leur intérêt bien compris est d’abord de faire rendre leur domaine.
Hugh Corbett, clerc lettré, envoyé du roi Edouard, doit laisser son épouse et sa petite fille Aliénor pour courir les routes et mener les enquêtes. Il est flanqué de son fidèle, jeune et vigoureux Ranulf et de Maltote, encore plus jeune et fin cavalier. Le lecteur ne s’ennuie pas même si, comme c’est toujours le cas avec Doherty, il doit attendre les toutes dernières pages pour y voir clair. Mais l’intrigue bondit et rebondit en cours de route, elle prend une complexité inattendue.
Voici donc un bon polar médiéval qui nous introduit dans le monde du machisme féodal, du commerce de tout et de la manipulation des âmes. Ce n’est pas si mal, pour 254 pages !
Paul Doherty, La complainte de l’ange noir, 1994, 10/18 Grands Détectives, 254 pages.