ART POETIQUE MUTIN
Il n’y a qu’un seul moyen de se libérer des poèmes
hygiéniques décrottés Rugir sans répit
Se relire cent fois avant chaque virgule ridicule
La fin est plus féroce que le début Elle part en
claquant les portes et en les pulvérisant.
Ni femmes ni fleurs ni couronnes
Ebranler sauvagement tout essai de s’asseoir sur la chaise percée du
Cénacle Tabernacle
Piétiner tout idole et ses prêtres aux rictus purulents
Il importe que l’oscillation du texte poétique se nourrisse d’un déséquilibre à
tout épreuve
Pas de normalité ni de normalisation Bâillonner la petite
bouche
Dépasser l’envers de tout cri d’horreur insondable
Etouffer la paix intérieure et son aura narcotique
Inconfort parfait
Dérèglement de l’attention d’où jaillira le poème livre de contrainte de préméditation
ou d’écriture automatique
Rayer Traquer Bouleverser Mutile Trébucher
Dévaster les barrages
Je ne vous promets que du feu et des cendres
Essayez de compter ma dure Poésie Crucifiée !
Car ce n’est pas moi qui sévis mais ELLE dont je ne suis que Témoin et Valet
Paul Valet, in Jacques Lacarrière, « Soleils d’insoumission » : Paul Valet, Jean-Michel Place Poésie, 2001, p. 88