Saint-Nectaire

Publié le 15 décembre 2008 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Auvergne en majesté

Saint-Nectaire, un nom qui résume à lui seul toute l’Auvergne puisqu’il évoque à la fois une puissante famille de cette province, un célèbre fromage, une station thermale et une église romane. Au cœur du massif du Sancy, Saint-Nectaire est une destination incontournable.

Un chapiteau de l'église compte les origines de Saint-Nectaire et sa légende. Nectaire serait un disciple de saint Pierre qui le baptisa et l'envoya évangéliser la Gaule. Aujourd'hui, c'est à ce saint et sur son tombeau que fut édifié le sanctuaire, à la même époque et sur le même plan que les grandes églises romanes d'Auvergne.

L'église de Saint-Nectaire en trachyte gris clair, dont le clocher du transept a été totalement reconstruit, est exposée en grande vue sur le mont Cornadore. Elle offre au soleil levant une merveilleuse abside aux savants ordonnancements où son rose quelque peu frotté d'or par le lichen rayonne de paix sur le fond des sapins. Des chapelles de l'abside s'élancent du chevet - sobrement décoré d'une frise délicate et d'arcatures - jusqu'à la pointe du clocher. Détruit en 1794, il fut reconstruit à l'imitation du clocher de Saint-Saturnin, ainsi que les tours de la façade.

A l'intérieur, malgré des dimensions nettement inférieures à celles des autres grandes églises d'Auvergne, l'impression d'ampleur et de majesté est pourtant la même. Simple, aimable dans sa sévérité, l'église unit trois nefs devant un narthex demeuré intact à travers les âges. Depuis celui-ci, l'un des mieux conservé en Auvergne, nous sommes saisis par l'union de la pierre et de la lumière conduisant le regard jusqu'au sanctuaire où nous attend, merveille propre à l'église, l'inépuisable imagerie des chapiteaux qui évoquent la vie du Christ, la Passion mais aussi la fin des temps.

Verve et bon sens, humour, vie intense, tumulte et ravissement caractérisent les cent trois chapiteaux qui mettent en scène tout un programme iconographique dont il semble qu'ils soit l'œuvre de trois ateliers différents. Parmi eux, les six grands chapiteaux ornant sur quatre faces chacune des colonnes du chœur sont particulièrement remarquables. Rudement taillés dans le trachyte à gros grain des Dores, ils illustrent l'arrestation et la flagellation du Christ, le portement de croix, l'apparition de Jésus à Saint-Thomas, la transfiguration, la multiplication des pains, la vie et les miracles de Saint-Nectaire, des scènes apocalyptiques, le triomphe de la Croix, le Jugement Dernier et la Descente aux enfers du Christ dont est montré le tombeau vide. 

Selon la tradition auvergnate, les bas-côtés sont surmontés de tribunes " utilitaires " dont les voûtes aident à maintenir celles du vaisseau central. Une coupole sur trompe coiffe la croisée du transept. Cernée par un déambulatoire à chapelles rayonnantes, le chœur est moins haut que la nef.

Malgré les nombreux vols commis pendant la Révolution, le célèbre trésor exposé dans le croisillon gauche garde son intérêt grâce à quelques pièces extraordinaires. Parmi celles-ci, le buste de Saint Baudome, le compagnon de Saint-Nectaire ( assez stupéfiant buste reliquaire du XIIe siècle, en chêne, couvert de cuivre repoussé et doré ). L'on n'oubliera plus alors ce beau visage de cuivre auquel d'immenses yeux aux pupilles dilatées donnent une présence fort marquée.

Autre trésor : une Vierge noire en majesté, contemporaine de l'édifice, dite Notre-Dame du mont Cornadore, portant l'enfant sur ses genoux ainsi que de splendides pièces d'orfèvrerie limousine : deux plats de reliure avec décor d'émaux champlevés et de cabochons.

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