Singué sabour d'Atiq Rahimi

Par Grandlivredumois

L'entrée sur la scène littéraire d'un nouvel écrivain de langue française.
Dans une ville en guerre, une femme musulmane de vingt-sept ans veille et soigne le corps inerte de son mari blessé. Tout en débitant machinalement des prières à longueur de journée, elle monologue, s'adressant à cette absence pétrifiée à ses pieds.

Jamais au cours de leur brève vie commune, cette femme n'a parlé à ce héros, à ce monstre... Elle se rattrape, sort ce qu'elle a entassé en elle, ses souvenirs, son désir, ses frustrations sexuelles, sa rage, son mépris, ses ruses, ses fautes. Tandis qu'appels à la prière et tirs de chars se succèdent, à l'intérieur de la maison une tension, d'abord imperceptible, monte jusqu'à l'incroyable coup de théâtre final... Atiq Rahimi signe ici une oeuvre forte, unique, couronnée par le prix Goncourt 2008, qui prouve que la langue française renaît là où on ne l'attendait pas.