Plusieurs chantiers sensibles - réforme de l'assurance chômage, loi sur le travail le dimanche, réforme du lycée - attendent les élus comme les partenaires sociaux en janvier.
Réforme de l'indemnisation du chômage : aux syndicats de trancher
La négociation des partenaires sociaux sur l'assurance chômage ayant abouti à un projet d'accord dans la nuit du 23 au 24 décembre, les syndicats soumettront le texte à leurs instances en janvier. Pour être appliqué, le projet doit être approuvé par au moins une organisation syndicale de salariés et une organisation patronale. D'ores et déjà, l'attitude des syndicats se révèle contrastée, rendant difficile tout pronostic.
La CGT, qui rejette le texte, communiquera sa décision définitive le 6 janvier.
La CFDT, qui se prononcera le 8, a prévenu par la voix de son secrétaire général, François Chérèque, qu'elle "ne signera pas toute seule".
FO tranchera pour sa part "après le 6" et son secrétaire général Jean-Claude Mailly a déclaré qu'il y avait dans ce projet "quelques points positifs, et beaucoup de points négatifs, comme prévoir dès aujourd'hui une baisse des cotisations".
La CFTC a regretté un accord qui ne se montre pas "à la hauteur de la crise". "Nombreux vont être les personnes indemnisées qui vont voir leur durée d'indemnisation réduite, notamment les seniors", a déclaré la confédération chrétienne, qui se décidera le 12.
La CFE-CGC statuera le 20, son chef de file Alain Lecanu soulignant qu'il n'avait pas "forcément une approche très positive du texte".
Le projet doit permettre d'indemniser plus de demandeurs d'emploi (100.000, selon l'Unedic, de 200.000 à 300.000 selon le Medef et les syndicats) et de baisser les cotisations - des salariés comme des employeurs - en cas d'excédent du régime.
La difficile naissance du Pôle emploi
Le Pôle emploi, issu de la fusion, au 1er janvier, des Assedic et de l'ANPE, se met en place dans la douleur. Cinq syndicats du nouvel organisme (FO, Snap, SNU, Sud et CGT) ont appelé à faire grève dès le lundi 5 janvier, date prévue pour l'ouverture de ses portes. Une grève est également prévue le 8 janvier à l'appel de l'ensemble des syndicats du Pôle (les cinq précédents plus la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC).
"Nous revendiquons une augmentation immédiate des salaires, une amélioration des conditions de travail, et des effectifs permanents en nombre suffisant permettant de rendre un véritable service aux usagers", déclarent les syndicats, qui dénoncent "l'exaspération des personnels des deux institutions fusionnées devant tant d'impréparation, d'incohérences et d'incertitudes".
La dernière grève commune ANPE-Assedic contre cette fusion avait eu lieu le 27 novembre 2007, et avait mobilisé 60% du personnel des Assedic (14.000 personnes), et 25% à l'ANPE (30.000 personnes). Le 1er décembre 2008, 48% des agents de l'ANPE avaient fait grève, à l'appel commun de leurs huit syndicats.
Une grève interprofessionnelle prévue le 29 janvier
Lundi 15 décembre, l'ensemble des syndicats français se sont mis d'accord pour demander au monde du travail de refuser de "payer la crise" en participant à une grande journée d'action interprofessionnelle de manifestations le jeudi 29 janvier, sur les thèmes de la défense de l'emploi "privé et public" et le "maintien du pouvoir d'achat".
Sept fédération de l'Education - FAEN, Ferc-CGT, Fnec-FP-FO, FSU, SGEN-CFDT, SUD-Education, UNSA-Education - ont appelé le 23 décembre "à participer massivement" à ce mouvement. Sont appelés à la grève à la fois les personnels de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi que de la Jeunesse et des Sports, précisent les syndicats, dans un communiqué commun.
Les fédérations CGT, Sud, CFDT, FO et CFTC de La Poste ont également appelé "tous les postiers à s'inscrire massivement" dans cette journée. Ils s'opposent au changement du statut de La Poste en société anonyme, et à l'ouverture de son capital, annoncés le 19 décembre, qui selon eux "ne font que confirmer la volonté du gouvernement de privatiser La Poste".
Education : une réforme du lycée et des suppressions de postes très contestés
Avant la manifestation interprofessionnelle du 29 janvier à laquelle les syndicats de l'éducation ont appelé à participer, deux autres rendez-vous sont prévus. Le ministre de l'Education, Xavier Darcos, a annoncé qu'il allait reprendre de zéro son projet de réforme du lycée, en organisant "une sorte d'états généraux du lycée à partir des établissements", les 24 et 25 janvier, pour essayer de "faire s'exprimer tous les lycéens". En prévision de ce rendez-vous, les principales organisations lycéennes, l'UNL et la Fidl, ont appelé pour le 8 janvier à des mobilisations dans les lycées se traduisant par des assemblées générales, des actions d'informations ou des rassemblements.
Puis, le samedi 17 janvier, personnels de l'Education, élèves et parents d'élèves sont appelés à une journée de manifestations pour "protester contre les suppressions de postes inscrites au budget 2009" (13.500) et "contre les mesures éducatives du gouvernement". Cet appel émane d'un collectif regroupant les principales fédérations de l'Education - FSU, Unsa-Education, Sgen-CFDT -, les lycéens de l'UNL et de la Fidl, les étudiants de l'Unef, les parents de la FCPE ou encore des mouvements pédagogiques.
L'audiovisuel en colère
La CGT, la CFDT, la CFTC, FO, le SNJ et le SRCTA-UNSA de France 2 ont déposé un préavis de grève de 24 heures pour le 7 janvier, date du début de l'examen du projet de loi sur l'audiovisuel public par le Sénat. Ils réclament entre autres "un financement pérenne de France Télévisions et la garantie de l'indépendance politique, éditoriale et stratégique de France 2".
Sept syndicats de France 3 (CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, SNJ, SUD et SRCTA-UNSA) ont déposé un préavis, pour une grève de 24 heures le 5 janvier 2009. Les journalistes et techniciens CGT de France 3 (SNJ-CGT et SNRT-CGT) ont aussi déposé un préavis du 5 janvier (à partir de 0H00) au 7 janvier (à minuit).
C'est à partir du 5 janvier que s'appliquera la partie la plus visible par le grand public de la réforme de l'audiovisuel public, avec la suppression de la publicité sur les antennes de France Télévisions après 20 h.
La loi sur le travail le dimanche, rejetée jusque au sein de la majorité
A l'Assemblée, le débat sur la proposition de loi l'extension du travail dominical, une promesse de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, a été ajournée, au mieux à la mi-janvier après une séance de débat houleuse le 17 décembre.
Le texte - qui divise la majorité et rencontre l'opposition acharnée de la gauche - est le fruit d'un compromis arraché par Nicolas Sarkozy au sein de sa propre majorité. Il permet désormais au maire d'autoriser l'ouverture des magasins dans sa ville huit dimanches par an contre cinq aujourd'hui.
Mais il ne fait toujours pas l'unanimité à droite, où certains députés s'inquiètent de la référence toujours explicite à des droits plus étendus pour les agglomérations de plus de 1 million d'habitants et, surtout, de la possibilité donnée au préfet d'autoriser, sans l'avis du maire, l'ouverture dominicale dans les "zones touristiques".
Les députés de gauche ont eux promis de livrer une bataille à la rentrée. Plus de 4.000 amendements ont été déposés.
latribune.fr