Connaissez-vous Agoga.com et Kevin Ham ? l’homme qui veut détenir l’Internet

Publié le 21 octobre 2008 par Kchappe

Préface

Selon Verisign, il existait 153 millions de domaines enregistrés fin 2007. Nous parlons d’un marché de plus de 1,5 milliards de dollars qui connaît une croissance de 27% par an ! La plupart des noms de domaine ne sont pas “exploités”, cad sans réelle activité, mais certaines personnes se contentent d’y placer des publicités et exploitent ce phénomène avec succès. Dans ce business très peu médiatisé, Kevin Ham est le meilleur du genre. Le chiffre d’affaire de toutes ses activités à été évalué par CNN à plus de 70 millions de dollars par an !!

Qu’est ce que Agoga.com ?

Agoga est l’une des activités de Kevin Ham. Tapez n’importe quel nom de domaine en .cm comme hotel.cm, shop.cm ou Newyorktimes.cm et vous tomberez sur la page agoga.com avec des liens publicitaires. Agoga ne fait qu’exploiter l’erreur de milliers de personnes qui chaque jour tapent un nom de domaine directement dans leur navigateur en omettant de taper le “o” du .com. Et grâce à ce système Agoga reçoit pas moins de 8 millions de visiteurs uniques par mois !!

Qui détient le .cm ?

Le Cameron. Et Kevin Ham a directement traité avec le 1er ministre du Cameroun afin de mettre en place ce système. Si aucun nom de domaine en .cm n’est enregistré (et il y en a très très peu), un petit code installé sur le serveur de l’état du Cameroun permet une redirection vers le site agoga.com qui perçoit une commission par yahoo à chaque fois q’un internaute clique sur un lien. Le Cameroun quant à lui perçoit un pourcentage sur chaque reversement. Kevin Ham serait en négociation depuis plusieurs années avec la Colombie pour le .CO, l’Oman pour le .OM, Le Niger pour le .NE et l’Ethiopie pour le .ET

Est-ce légal ?

A fortiori on pourrait penser qu’il viole le droit des marques lorsqu’un internaute tape une marque bien connue et arrive sur la page d’Agoga. Mais ce n’est pas aussi simple : ses avocats ainsi que plusieurs spécialistes de la question avancent le fait que Kevin Ham ne détient pas en propre les noms de domaine de ces marques. On ne peut donc pas l’accuser de typo-squatting. Limite peut être, mais tout simplement ingénieux !

Qui est Kevin Ham ?

Cet homme de 38 ans installé, aux dernières nouvelles, à Vancouver - Canada, a obtenu son diplome de médecine en 1998. Mais très vite il fut fasciné par le web et commença a créer des sites en perl, avant de monter un service d’hébergement Hostglobal.com. Mais lorsque l’un de ses partenaires revendeur de noms de domaine lui expliqua qu’il gagnait 1500$ par mois avec une publicité, Ham commença a s’intéresser au business des noms de domaine. C’est alors qu’il fut l’un des premiers à créer des programmes afin de chasser les domaines expirés et qui lui permettaient de les acheter en masse. Durant les 6 premiers mois de l’année 2000, Ham enregistra plus de 10 000 noms de domaine. A cette époque les revendeurs était directement connecté aux serveurs de Network Solutions, et Ham a convaincu plusieurs registrar de créer un programme afin de s’assurer que le revendeur de domaine obtiendrait en tout premier les domaines que Ham souhaitait. En contrepartie celui çi les achetait 100$ pièce !

Kevin Ham continue a acheter entre 30 et 100 noms de domaine par jour. Mais le temps où il pouvait les acquérir à très bon prix est revolu. Certaines de ses acquisitions : 171 250$ for hoteldeals.com, 350 000$ for greetings.com, il dépense aussi des fortunes dans des domaines un peu farfelu comme christianrock.com (31 000$) afin de complèter sa collection liée à la religion par exemple. Il détient god.com, satan.com et beaucoup d’autres… Aujourd’hui Kevin Ham détient plus de 300 000 domaines, et tous ses sites reçoivent au total près de 30 millions de visiteurs par mois. Son portefeuille de domaines est estimé à plus de 300 millions de dollars !

Lorsqu’aujourd’hui Kevin Ham achète un domaine, il ne calcule pas uniquement les revenus qu’il pourrait en tirer grâce aux publicités, mais évalue également l’intérêt du nom afin de développer des mini sites média pour des centaines de niches. C’est ce qu’il essaie de développer avec Religion.com . Ham affirme vouloir créer le “virtual real estate”, et selon lui, celui qui détient les noms de domaine détient l’Internet !