Dimanche. Demain c'est reparti : boulot, école, activités diverses, le long week-end festif est terminé, le temps des bilans et des résolutions difficiles à tenir est dépassé par les événements, par les contraintes et les devoirs, retour à la réalité, tout simplement! A Gaza, par contre, il n'y a pas eu de coupure - ou plutôt la coupure est intemporelle et permanente, les combats terrestres ont démarré.
Il est donc temps de donner le coup d'envoi pour repartir aux combats 2009! En avant! Yallah!
Suite une conversation que j'avais vendredi avec un ami strasbourgeois non encarté dans quel que parti que ce soit, qui m'invitait lui aussi à "conspirer" avec lui "pour une révolution mondiale", je souhaite partager un peu sur ce blog les doutes qui m'étreignent en ce début d'année : j'ai tendance à m'éparpiller dans de nombreux projets, à soutenir causes et autres causes, de vouloir agir partout où c'est possible et selon les disponibilités que m'accordent mon agenda bien rempli qui insiste aussi sur l'importance de ma p'tite vie privée, il est donc temps d'effectuer des choix, afin d'être efficace et de permettre vraiment de "changer le monde et le système". Bref : où est ma place?
A l'intérieur de grands projets guidés par une utopie (au sens de ce qui n'existe pas - encore), dont les cadres sont globaux, et dépassent les frontières locales, nationales pour atteindre la société en général et l'humanité et sa sauvegarde en particulier?
Auprès de moi dans toutes les associations de proximité qui permettent d'améliorer le quotidien de nos voisins exclus du système, par des actions concrètes qui visent à collecter des fonds pour financer leurs besoins, à les aider à trouver un travail et un logement, à lutter contre la maladie, etc?
Bref, faut-il choisir de travailler en précipitant quelques rares gouttes d'eau dans l'océan que constitue la réforme de notre société mondiale et européenne et le souci de la paix mondiale, dans l'optique du long terme et du global ou alors dois-je préférer travailler à redonner de l'espoir immédiat à des dizaines de personnes autour de moi?
Impossible de faire les deux à moins d'arrêter de travailler, et surtout que les deux ne sont pas forcément complémentaires. Quand on travaille sur le global, on a besoin de distance vis à vis de l'émotionnel (ce qui ne remet pas en cause la sensibilité des acteurs et leurs choix de s'engager pour telle ou telle action), et a contrario, quand on agit au quotidien pour son entourage avec la meilleure volonté du monde, on entretient le système... actuellement perverti et fondé sur des valeurs qui bafouent toutes les références à l'humanisme et aux droits humains les plus fondamentaux.
Quand on préfère montrer du doigt davantage les brûleurs de voiture qu'on punit paternellement en les privant de permis, plutôt que de nous montrer toute la "racaille non karcherisée" qui blanchie de l'argent très très sale, qui vit dans le faste au détriment de ceux qu'ils exploitent, qui glorifient le négationisme en banalisant tous les discours de haine et de discrimination, on constate que notre société ne peut inciter que des sentiments de révolte fondés sur la proximité et le court terme. Si on estime que ceux qui sont montrés du doigt sont avant tout des victimes du système, on va choisir plus "spontanément" (spontanéité très isolée quant même) de les accompagner. Pendant ce temps, le système perdure.
Voilà que faire? Lorsque j'ai démarré ma vie militante au Mouvement Démocrate en septembre 2007, je pensais vraiment participer à ce besoin viscéral de réformer la société, à partir de valeurs que je partage avec ce parti, je croyais que nous serions suffisamment forts pour bébéficier de la relative puissance de l'organisation pour prendre position plus fortement, pour faire davantage pression dans le but de changer les choses. Même si F Bayrou a néanmoins permis de créer de nombreux débats sur l'audiovisuel ou la réforme des institutions par exemple, nous manquons encore de force. Mais après tout, notre engagement politique n'est pas seulement tributaire du parti, si nous agissons aussi à d'autres niveaux, nous permettons aégalement les changements et faisons vivre nos convictions. Myron Weiner, en 1971, définissait ainsi la participation politique :
"Toute action volontaire ayant du succès ou aboutissant à un échec, organiséé ou non organisée, épisodique ou continue, ayant recours à des moyens légaux ou non légaux dans le but d'influencer le choix des politiques à tous les niveaux de gouvernement, local ou national".
Aujourd'hui on peut étendre cette assertion à des contextes européens ou mondiaux puisque la mondialisation le permet.
Bref, tout cela ne me dit pas quelles priorités je dois choisir à partir d'aujourd'hui. Je me laisse encore quelques jours de rencontres et d'échanges, avant de poursuivre certaines actions, d'abandonner peut-être certains engagements et de me lancer éventuellement dans de nouveaux projets. Penser global et agir local... L'agir global a des répercussions sur le local, mais infimes et qui exigent du temps, de la patience, de la ténacité; qui exigent de l'humilité car chaque décision est une goutte d'eau, toute petite. L'agir local est très risqué car il contribue à maintenir en place les vrais brigands... à moins d'avoir peut-être une véritable vision globale, ce qui nécessite de passer peut-être préalablement par l'agir global.
Voilà, je suis déjà "prise de tête" dès ce début d'année, mais je préfère éviter de me tromper... Puis ensuite, Yallah!