Derrière la vitre d'un palace à Prague, le 1er janvier 2009
Cette année, je serai encore moins riche. Moins riche de défaites, je n’irai pas danser la gigue guindée dans une clinique clinquante cinq étoiles où l’on passe son temps à mesurer ses bracelets-montres comme le vent soupèse le vide.
Cette année, je serai encore plus riche de fêtes aux petits bonheurs. Je laisserai la lame des soirs bleu roi me dépouiller des mauvaises graines, je ferai vœu d’herbes sèches, je prêterai mes sarments. Je trancherai le pain rond de l’amitié dans le doux crissement du levain, j’implorerai la majesté des saules jusqu’à leurs radicelles, je fouillerai la chair des pierres sous la semelle des cœurs. J’apprendrai les exclamations du grèbe esclavon et les triomphes omphaliques de la fauvette orphée. J’irai, seul au devant des tourmentes, traquer la sueur blonde et odorante de la Terre entre ses libres mamelles. Tout ça, et bien davantage, sous une vie battante, sans essuie-glace, pour goûter le soleil caché dans chaque goutte.