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Le faux cosmopolitisme du Stade

Publié le 10 août 2007 par Philostrate
Articles et textes sont les reflets de leur époque, mais résonnent encore parfois dans l'actualité des décennies plus tard. Philostrate profite des vacances pour vous faire partager quelques extraits de livres et de chroniques qui, par-delà le temps, ont encore des choses à nous dire. Aujourd'hui, quelques considérations sur le sport et le nationalisme de l'écrivain Charles Maurras, envoyé en avril 1896 par La Gazette de France à Athènes pour témoigner dans ses colonnes de la renaissance des Jeux olympiques. Nous le retrouvons au milieu d'une compétition de lutte…        "On met ensuite aux prises un Allemand et un Anglais. En un clin d'œil  M. Schumann a fait mordre la poussière à M. Eliott; mais voici que, avec une ténacité toute britannique, celui-ci se démène comme s'il n'avait pas touché terre des deux épaules. Le Gros Germain est émerveillé de tant d'impudence, mais Athènes s'épanouit. Il faut que le diadoque et le prince Georges prennent sur eux de renvoyer M. Eliott à son club.    À ce moment, les organisateurs ont la mauvaise idée d'engager un combat entre M. Christopoulos et un autre Grec… Tumulte magnifique. De tous les points sur le Stade, le peuple entier proteste. Non, non ! Oki, Oki, Oki ! On n'admet point le sacrilège, on ne veut pas  de lutte entre les hommes de même langue et de même sang. J'ai beaucoup admiré ce soulèvement hellénique. Il s'en produit ainsi, du même ordre, à tous les instants.    On s'afflige si l'Héllène en sautant à la perche manque la barre ou exécute de travers le rétablissement aux anneaux. Si l'Anglais, l'Américain ou le Français ont plus d'adresse et de bonheur, c'est un froncement de sourcil. La justice n'en souffre pas. Chacun admire ce qu'il convient d'admirer, mais il le fait d'un cœur plus ou moins généreux suivant les honneurs engagés. Aussi, loin d'étouffer les passions nationales, tout ce faux cosmopolitisme du Stade les exaspère.    (…) Non, les patries ne sont pas encore dissociées. La guerre non plus n'est pas morte. Jadis, les peuples se fréquentaient par ambassadeurs. C'étaient des intermédiaires qui atténuaient bien des chocs : les peuples déliés du poids de la terre, servis par la vapeur et l'électricité, vont se fréquenter sans procurations, s'injurier de bouche à bouche et s'accabler de cœur à cœur. L'ancien ludus pro patria (1) n'en sera que plus nécessaire." (1) Devise de l'Association française de gymnastique faisant référence aux Jeux patriotiques antiques. Extrait de la quatrième des Lettres des Jeux olympiques de Charles Maurras, parues entre le 15 et le 22 avril 1896 dans les colonnes de La Gazette de France.

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