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Le premier principe Le second principe, Serge Bramly

Publié le 04 janvier 2009 par Antigone

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Quel est donc le lien qui réunit une princesse anglaise, un photographe paparazzi, un marchand d'arme suisse, un ministre français, outre leur mort si violente ?
C'est ce mystère que tente de percer un agent de la DGSE, utilisant pour ce faire le principe de la thermodynamique : le premier principe énonce que tout corps se refroidit au contact d'un corps froid et le second stipule que dans un système clos, le désordre va en augmentant.

Dans le roman de Serge Bramly, c'est en fait une version inattendue de l'histoire secrète, publique et intime de la France qui nous est contée, celle de ces trente dernières années. Une histoire qui commence par le mariage d'une princesse de dix-neuf ans au long voile blanc et par le succès de la gauche aux présidentielles. Une histoire qui se continue dans les désenchantements du pouvoir et de ses trahisons. Une histoire qui connaîtra ses limites lors du suicide d'un ministre, ou plus tardivement lors de ce fameux accident sous un pont de Paris. Une histoire qui peut se lire aisément comme un roman d'espionnage, un lieu où la vérité frôle sans cesse la fiction.

Aller au terme de ce roman foisonnant de personnages et d'intrigues fut pour moi une véritable épreuve dont je suis ressortie soufflée. Je ne regrette pas sa lecture, j'en suis même plutôt heureuse, malgré les longueurs qui essaiment le début du récit. Je dois avouer que je me suis souvent demandée où les péripéties et dialogues me menaient, quel était le but, qui étaient ces gens, que m'importaient leurs agissements, et puis je me suis prise au jeu, peut-être un peu tardivement, mais réellement. Pour conclure, voici donc un roman "énorme" qui, une fois terminé et refermé, se découvre riche et puissant.

"...Oublions, oublions tout ce qui s'est dit, et remontons le temps jusqu'en 1981, l'année du grand chambardement. On pourrait aller plus loin, bien sûr, et chercher des antécédents aux antécédents ; chaque cause en suppose toujours dix préalables. Mais peu importe au fond pourquoi 1981 fut une année charnière ou comment on en arriva aux "évènements de 1981" ou "trouvant leur origine en 1981". Dès qu'on se penche d'un peu trop près sur ces choses, le ton change et prend, à force de pondération, un côté ampoulé de lettre d'excuses. Il y a une hauteur particulière à laquelle il faut planer pour débrouiller les faits sans se laisser distraire par la variété de leurs implications. Trop de recul, et l'on rate l'essentiel ; pas assez, et l'oeil s'embue dans la mesquinerie hypnothique des circonstances atténuantes, on pèse "des oeufs de mouche avec une balance en fils d'araignée", comme disait Voltaire.
Nos historiens parlent d'une année charnière par soucis de mesure. Année rupture serait plus juste : ensuite rien ne fut plus jamais comme avant." p.31

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Note de lecture : 4/5

Un livre lu dans le cadre du grand prix des lectrices de

BOOKPAGES
2009
Catégorie Roman

ISBN 978-2-7096-2769-6 - 22 € - 11/2008  - Ce titre a obtenu le Prix Interallié 2008

Une lecture chez Les Couassous


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