Aujourd'hui, pour illustrer l'Epiphanie, ce tableau de Mantegna "L'adoration des mages", peint vers 1495-1500, s'est imposé comme une évidence. C'est l'un des derniers tableaux que l'on peut voir dans la rétrospective qui est consacrée à ce peintre au Louvre jusqu'au 5 janvier.
Traditionnellement, à l'époque où Mantegna peint ce tableau, c'est-à-dire dans la deuxième moitié du 15ème siècle et au début du 16ème siècle, la vierge Marie est représentée assise et elle tient sur ses genoux l'enfant Jésus. Les trois rois mages (Melchior, Balthazar et Gaspard), pour marquer leur respect devant l'Enfant, se tiennent prosternés, et, généralement, le premier mage est agenouillé aux pieds de la vierge. Vêtus de manteaux le plus souvent somptueux, ils offrent leur présents dans des récipients en métaux précieux (calices ou ciboires) et, sur certaines de ces représentations, l'un des mages à la peau sombre (il s'agit de Gaspard). Si la scène est assez souvent associée à celle de la nativité avec notamment, en arrière plan, la représentation d'une étable ou d'une caverne, avec la présence d'un bœuf et d'un âne, elle sort progressivement de ce contexte pour des plans plus pittoresques (par exemple, "L'adoration des mages sous la neige" de Pieter Brueghel, en 1567).
Ici, l'originalité de cette toile tient dans son cadrage très serré. Sur un fond noir, et dans une composition particulièrement harmonieuse, les figures des différents personnages se détachent ; ce qui est très impressionnant c'est qu'ils vont presque jusqu'à recouvrir et envahir l'ensemble de la toile. Regardez également la beauté des couleurs chaudes utilisées (le jaune et le rouge), la douceur du visage de Marie, la représentation de l'Enfant qui pour une fois ressemble à un nouveau né, la relative simplicité des objets tenus entre les mains des mages qui, d'après certains historiens d'art, feraient partie de la collection d'Isabelle d'Este et le jeux subtil des regards. Ce cadrage resserré est d'ailleurs ce qui caractérise un certain nombre de tableaux de Mantegna à la fin de sa vie, comme "Ecce Homo", vers 1500-1502, "La Sainte Famille avec Sainte Elisabeth" (que nous évoquerons dans la prochaine note) ou "La Sainte Famille avec la famille de saint Jean Baptiste", vers 1504-1506.
Indéniablement, on sent une œuvre de pleine maturité, bien loin d'une autre "Adoration des mages", peinte dans sa jeunesse en 1461, et qui fait partie du triptyque des Offices.
Si vous souhaitez pouvoir profiter de cette exposition, pour ceux et celles qui sont en région parisienne, il faut vous dépêcher, puisqu'elle a lieu jusqu'au lundi 5 janvier avec une nocturne jusqu'à 20 heures !