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Jeter les banques et user du microfinancement coopératif

Publié le 03 janvier 2009 par Kalvin Whiteoak

On sait depuis des années, mais au moins depuis le début de la dernière décennie du 20e siècle que les banquiers ne font plus leur métier. Ça ne les intéresse plus de prendre de vrais risques commerciaux sur de vrais prêts commerciaux, ça coûte trop cher nous disaient-ils avec un air fier  et vaguement condescendant au début des années 1990: leur arrogance les a conduits où l’on sait et ils ne méritent ni l’aide inconsidérée de l’Etat (et donc du citoyen non volontaire) ni celle que leur octroient encore les clients qui laissent « traîner » des milliards de fonds « passifs » par pure paresse intellectuelle ou morale sur des comptes « parce que changer de comportement est compliqué ».

La seule façon d’obliger les banquiers à changer profondément leur état d’esprit, leur amoralité légendaire  ainsi que les techniques avec lesquelles ils font des profits éhontés  sur le dos de clients grugés ou mangés à la sauce HEC Saint-Gall/costume trois pièces et attaché-case est de les attaquer par là où ça leur fait encore plus mal qu’aux autres : leurs sous et leur arrogance proverbiale.

micro-credit

Il faut se passer d’eux et la chose est parfaitement réalisable. S’agissant de la Suisse (les équivalents existent dans beaucoup d’autres pays), il convient tout d’abord de clôturer tout compte existant avec une banque commerciale. Assécher leurs liquidités ne laissera subsister que quelques établissements gérés de façon encore admissible, notamment certaines banques cantonales.

Les fonds peuvent être provisoirement placés auprès d’une banque éthique comme la BAS (qui ne sponsorise en rien ce billet) ou encore de Postfinance (qui ne le fait pas plus). Pour les besoins de l’exemple, on admettra que ce dépôt n’est que provisoire, le temps de mettre en place de véritables coopératives de crédit commercial.

On parle beaucoup de microcrédit dans le tiers-monde. Ce concept revu et corrigé pour l’Occident est sans doute une portion importante d’une nouvelle économie solidaire et responsable, ceci sous la forme de micro financements destinés à une relance durable. Mieux vaut prêter quelques sous à son boucher que de les laisser intégrer  un « fonds de placement quelconque à rendement garanti ».

Une coopérative de placements serait donc une forme de société gérée socialement, destinée à couvrir ses frais et non à faire du profit, et surtout ayant pour but de fluidifier le marché des liquidités : car aujourd’hui tout le problème des PME et TPE est ici. Leur activité est souvent bénéfique et profitable, mais il leur manque des liquidités pour passer des caps.

Et comme les banquiers ont délibérément abandonné ce marché malgré les aides reçues de l’Etat et les promesses faites, le peuple peut le reprendre à son compte et faire en sorte que de ses propres économies surgisse une nouvelle forme de crédit commercial, bien gérée mais pas chère et ne reposant pas sur un coût de refinancement artificiellement gonflé mais exclusivement sur des fonds propres mis à disposition par le public. Certes, ce genre d’organismes ne peut être crée en deux jours, mais il ne faut pas non plus des années pour le faire.

Parallèlement ou dans un deuxième stade, l’ensemble du marché des crédits commerciaux aux PME-TPE et celui du crédit hypothécaire peut être aussi assumé en fonds propres par de telles coopératives. C’est uniquement une question de volonté, et même pas politique celle-ci, mais populaire.

Ainsi, le fameux boucher du coin serait-il à la fois épargnant-prêteur à certaines périodes de l’année, et pour simplifier emprunteur à d’autres. Si le contrôle de ces micro financements ( et de ces microcrédits) est bien organisé, non seulement il est rentable mais en plus il est socialement solidaire et responsable, des qualités que les banques ont définitivement perdues.

Et seules celles qui prendront le chemin d’un aggiornamento moral complet pourront alors encore exister, mais elles seront sans doute acceptables sous cette forme-là, nouvelle et refondée.


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