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Dub Colossus - A town called Addis (2008)

Publié le 03 janvier 2009 par Oreilles
Depuis maintenant 20 ans - seigneur que le temps passe vite - le label Real World, créé en 1989 par l'ex-Genesis Peter Gabriel, n'a eu de cesse de promouvoir et diffuser la musique dite « world », en particulier les artistes africains et asiatiques contemporains. Un travail de défricheur explosant les frontières musicales nationales pour porter à nos oreilles des sonorités nouvelles ou méconnues en provenance des quatre coins du globe.
Avec A town called Addis c'est l'Ethiopie, berceau de l'Humanité, terre mythique des rastafariens, qui est à l'honneur. Le disque est en effet le fruit de la rencontre entre Nick Page, alias Dubulah ou Dub Colossus, guitariste et compositeur britannique formé auprès de Michael Riley (Steel Pulse), et plusieurs chanteurs traditionnels azmaris de la capitale éthiopienne.

Globalement, le titre retenu, Dub Colossus - A town called Addis, ne ment pas sur le contenu de cet album. Au fil de ses onze vastes plages, se succèdent ainsi les ambiances dubisantes, dominées par des variations instrumentales grisantes et des incursions de chants populaires transis. Nick Page fait sienne l'histoire musicale de son pays d'accueil.

Entouré des chanteuses Sintayehu Zenebe et Teremag Weretow, du saxophoniste Feleke Hailu et du pianiste Samuel Yirga, il reprend à son compte la voie épurée des sonorités mystiques des hauts plateaux érythréens, les accomodant de ses influences électroniques et reggae. En résultent de grands moments de recueillement, de poésie et d'envol, où les lyres (krar), luths (macinko) et autres doubles tambours traditionnels (kebero) le disputent à la solemnité d'un piano classique éthio-jazz ou d'un riddim importé tout droit de Kingston.

Difficile d'honorer ici un titre plutôt qu'un autre. « Azmari dub » ouvre le disque sur une note très reggae, fortement influencée par les productions du « Salvador Dali jamaïcain » Lee Perry, avant de laisser apparaître la voix vibrante et douloureuse Sintayehu Zenebe, « l'Edith Piaf éthiopienne ». Sa supplique écorchée foule le sol terreux des rues d'Addis-Abeba et nous transporte dans les faubourgs populaires de la ville. Enivrés, nous la suivons en spectres émerveillés. « Entoto dub », morceau suivant, richement instrumenté, se distingue par sa profondeur et son traitement nettement plus contemporain. De « Tazeb Kush » et sa pop-jazzy ahmarique aux variations de piano classique d'« Ambassel in box », via le dub mystique de « Shem city steppers », la rencontre entre le compositeur britannique Nick Page et les artistes éthiopiens en présence est synbiotique. On ne remerciera certainement jamais assez Real World pour sa contribution au patrimoine musical mondial.


En bref : Fouler le sol rocailleux et chaud du « toit de l'Afrique », berceau de l'Humanité, n'a pas prix. Il en va de même pour ce précieux album à tendance dub, à la fois transcendant et terrestre, fruit de la belle entente d'un compositeur britannique et de musiciens populaires éthiopiens.

Asmari dub.mp3

Tazeb kush.mp3

Ambassel in box.mp3

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