Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig,est un court roman ou une longue nouvelle. Exactement 114 pages, préface déduite, dans l'édition du Livre de Poche.
Bon, étant donné sa taille, le livre semble facile à traiter. Pourtant j'hésite à commencer, tant il y a plusieurs manières possibles d'aborder cette fiction très dense.
Par la composition? Un narrateur à la première personne, dont on ne sait rien, devient l'auditeur d'une histoire enchâssée que lui raconte un second narrateur, une vieille dame.
Par l'intrigue? Savante, maîtrisée, elle crée des tensions, du suspense avec une chute finale et un morceau de bravoure: la description pendant huit pages des mains des joueurs autour d'une table de roulette.
Par l'histoire? Ou plutôt les histoires parallèles de deux femmes qui perdent la tête pour un homme plus jeune et dont le destin se décide en vingt-quatre heures. L'une à peine esquissée, l'autre développée avec une finesse brillante.
Par l'explication du contexte? C'est le début du XXème siècle sur la Riviera et au Casino de Monte-Carlo, de riches oisifs villégiaturent ici et là, on sent les contraintes des mœurs, les conventions étouffantes, l'esclavage social de la femme et la condamnation implacable par la société du moindre manquement à son état, tel qu'il est défini par les hommes.
Par les analyses psychologiques? Celle des puissances obscures qui peuvent bouleverser complètement la vie d'une femme éduquée à mort et dressée à être le parangon de honnêteté. Ou celle du jeu avec son addiction terrible, cette maladie qui fait fi de la volonté, des serments, des sentiments, de la reconnaissance...
Quelle que soit la façon de l'aborder, il est assuré, en tout cas, que Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est un petit bijou.
Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, Le livre de poche