BD ou chocolat de Noël ? Les deux, merci (je ne sais pas refuser). Aussi ai-je fait une légère overdose des unes et des autres. Celle-ci trônait sur une pile de livres de bibliothèque…
Autour du samovar, des femmes iraniennes de tous les âges échangent confidences et expériences ; les plus âgées encouragent les plus jeunes à quitter leurs illusions, il y a des pleurs mais le plus souvent des éclats de rires. Ces récits plutôt salés sont recueillis par Marjane Satrapi dans le petit volume des « Broderies », petites histoires cousues les unes aux autres sur le thème des rapports entre hommes et femmes et des secrets d’alcôve ; mais le titre évoque aussi de façon imagée une opération qui aurait "sauvé" l’une des premières héroïnes, dont la nuit de noces vira à la catastrophe à cause d’un stratagème mal employé pour masquer la perte de sa virginité…
Avec la verve qu’on lui connaît, Marjane Satrapi reconstruit non pas une histoire individuelle mais une sorte de mémoire féminine, révélant à la fois le poids que la société iranienne fait peser sur les femmes (les maris attendent une épouse vierge et souvent naïve, quand ils ne se marient pas pour faire plaisir à leur famille et satisfaire les apparences) et aussi la liberté de ces mêmes femmes une fois les illusions tombées (la grand-mère de Marjane est une maîtresse femme qui renvoie son troisième époux à d’autres occupations quand il menace d’interrompre ces broderies et qui fustige l’appât de l’argent ou l’illusion d’une vie meilleure en Occident).
Une leçon de liberté et d’humour aussi régénérante qu’une conversation à bâtons rompus après un repas de fêtes, surtout si vous voulez savoir comment convaincre votre bien-aimé de vous épouser au mépris du chantage au suicide de votre future belle-mère ou comment reconquérir un cinquantenaire en plein démon de midi…