De Gaza, des centaines d'islamistes ont été envoyés en «formation» à Damas et à Téhéran, ces dernières années.
Ce « saut qualitatif » est dû à un renforcement des liens logistiques entre le Hamas et son allié iranien, via le Hezbollah libanais et la Syrie. Depuis la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de 2006, « des centaines de ses membres sont allés suivre des entraînements en Syrie et en Iran », affirme au Figaro un ancien responsable de la sécurité de l'Autorité palestinienne à Gaza. Ce sont les cadres de la branche militaire du Hamas, qui détiennent l'expertise en matière de lancement de roquettes, et non pas les centaines de membres des forces de l'ordre, qui ont été tués par Tsahal, depuis le début de son offensive, il y a une semaine. D'où la poursuite des tirs contre le sud de l'État hébreu. « Ces cadres sont cachés dans l'entrelacs de tunnels et de bunkers que le Hamas a construit depuis qu'il a renversé l'Autorité palestinienne à Gaza en juin 2007 », explique un observateur palestinien à Gaza.
Ce camouflage souterrain est l'autre nouveauté dans la stratégie de défense du Hamas face à Tsahal. Les islamistes ont en effet tiré les leçons de la très bonne résistance du Hezbollah au Liban face à Israël, durant la guerre de l'été 2006. S'inspirant du Parti de Dieu, le Hamas a creusé des galeries souterraines, lui permettant d'échapper aux bombardements israéliens, et aux drones, ces avions sans pilote qui repèrent les cibles à frapper. Le Hamas compte également sur ces bunkers pour faire face à une offensive terrestre de Tsahal. Ils permettent de stocker des armes, voire même de s'entraîner, comme c'était le cas dans les tunnels récemment mis au jour à Hébron, en Cisjordanie.
Plus de 400 roquettes artisanales ou de fabrication iranienne (Grad 1) ont été tirées, depuis une semaine. Le Hamas en dispose encore de plusieurs milliers, dont des katiouchas et des Grad 2, de plus longue portée, que les islamistes pourraient utiliser, en cas d'attaque terrestre. Les missiles pénètrent à Gaza, via les 200 à 300 tunnels de contrebande que le Hamas contrôle à la frontière avec l'Égypte, et dont une centaine seulement ont été détruits par Tsahal. Grâce à ces cavités, le Hamas a pu importer, selon Israël, 300 tonnes d'explosifs, qui lui manquaient pour la détonation des missiles, mais également des munitions antichars et des fusils d'assaut. « Les Grad parviennent en pièces détachées à Gaza, puis sont assemblées par les experts du Hamas qui ont été formés en Syrie ou en Iran », souligne un diplomate. Comme le Hezbollah, le Hamas dispose de petites unités très mobiles, communiquant entre elles par talkie-walkie. Persuadé qu'une offensive militaire israélienne était inéluctable, le Hamas a établi ces derniers mois un haut conseil de guerre, dirigé par Ahmad al-Jabari, un des chefs des brigades Ezzedine al-Qassam, sa branche armée, et Saïd Siam, son ancien ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'union nationale palestinien.« En 2005, 70% des roquettes n'atteignaient même pas Israël », se souvient un ancien artificier de la police palestinienne. « Mais à force de tâtonner, le Hamas a progressé, dans la détonation à la cible ou dans la stabilisation en vol de ses engins », ajoute-t-il. Cela étant, ses missiles manquent encore de système de guidage. « Les Iraniens ne donnent pas au Hamas toutes les armes que ce dernier réclame », affirme un proche de sa direction en exil. Pour Téhéran, donner davantage, c'est davantage contrôler : « or le Hamas y est opposé, il reste attaché à son indépendance », assure ce sympathisant. Récemment encore, Téhéran n'aurait pas accédé à une demande d'assistance du Hamas, d'après des sources proches du renseignement israélien. À Gaza, des responsables du Hamas promettent des « surprises » si Tsahal pénétrait en territoire palestinien. Fanfaronnade ? Pas sûr. Certains redoutent que le Hamas se serve de la poignée de djihadistes étrangers ou locaux, que le mouvement intégriste a laissé prospérer à ses flancs, pour commettre des attentats suicides contre les chars israéliens.
Source du texte : FIGARO.FR