La blogosphère recèle des trésors d'inventivité. Ce sont autant de personnalités qui sont à l'œuvre, derrière leur écran, et qui agissent avec pour seule boussole leur instinct, leur vision, leurs sentiments. Pas de dictature de l'actualité, de l'audimat, ou, pour certains (mais pas pour tous, comme je l'ai raconté ici), de sponsor pour leur dicter de quoi il faut parler ni comment.
La confraternité y est relative. On se reconnaît, on se juge, on se comprend.. Mais on ne s'épaule pas toujours, pas d'emblée. La notoriété est chèrement gagnée à longueur de notes accouchées parfois dans la douleur, le manque de sommeil, voire au détriment d'autres activités plus rémunératrices. C'est pourquoi je suis reconnaissant à ceux qui nous aident à repérer les autres, à voir ce que passe ailleurs que sur leur blog, qui nous tirent par la manche grâce à des petites idées ludiques. Deux initiatives récentes vont dans ce sens, et je les applaudirais volontiers des deux mains si je n'étais occupé à taper rageusement sur ce clavier.
Petit rappel : je me suis ennuyé comme un rat mort pendant une grande partie de ma scolarité. Je n'étais pas mauvais élève, loin de là, mais j'étais une sorte d'asocial rêveur, incapable de nouer des relations amicales, et j'ai vu à chaque fois avec bonheur le moment où il a fallu quitter l'école primaire pour le collège, puis le collège pour le lycée, et encore le lycée pour l'Université. Cette fois-ci, j'ai rencontré des gens qui se sont intéressés à moi comme je me suis intéressé à eux, qui m'ont appris la discussion, l'écoute, l'amitié et plus si affinités. Je me suis retrouvé à l'école normale de Tours, sans l'avoir fait vraiment exprès, puis instituteur sans l'avoir voulu. Je passe les détails, mais quelques années plus tard, j'ai tout envoyé promener, en me réinscrivant en fac, où j'ai rencontré, avec cette fois la matuité et l'expérience de la trentaine, des profs et des amis géniaux
Je suis alors, en effet, entré à Sciences Po après avoir été reçu premier dans un concours de circonstances, comme aurait dit Coluche. J'y ai connu le pire, comme la concurrence à outrance, une bagarre avec les militants d'extrême droite, ou enore ces étudiants friqués qui partaient en vacances sans daigner venir voir les résultats, aimablement obtenus grâce aux accointances parentales. J'y ai connu aussi le meilleur : des amitiés fortes qui perdurent encore, et aussi, l'Histoire, encore et toujours. J'avais une conférence d'histoire contemporaine avec Alain Bergougnoux. Il y avait un exposé chaque semaine, préparé minutieusement et présenté par l'un ou l'une d'entre nous. Les émeutes de 36, les commerçants et la République, l'Armée de Dreyfus à De Gaulle... Je me souviens de la qualité des exposés, de l'excellence des commentaires et des questions du maître de conférence.
Jamais je n'ai retrouvé une telle exigence intellectuelle partagée par un groupe, à vous faire frissonner quand vous écoutiez les autres, à vous rendre encore plus intelligent quand c'était à vous de prendre la parole. A vous donner envie de vous attaquer à n'importe quel sujet pour lui faire rendre gorge. Surtout, jamais je n'ai pris autant conscience de la nécessité des sciences humaines, celle qui place l'homme au plus haut, qui explorent et mesurent la dimension de son esprit, qui placent son intelligence au dessus de la technique et de la science, quelles qu'elles soient. Quelle leçon ! Comme elle porte encore et combien elles sont encore plus que jamais nécessaires dans le monde d'aujourd'hui!
Voilà quelques blogueurs et blogueuses que je vous recommande et à qui je dis «C'est à vous de jouer».
Axèle Lofficial
Cécile quoide9
Nathalie Olivier
Corinne Dillinseger
Jean-Christophe Camus