Magazine Cinéma

After Dark Horrorfest 2008 (2/2)

Par Geouf

The Deaths of Ian Stone de Dario Piana

Résumé: En rentrant d’un match de hockey après avoir raccompagné sa petite amie, le jeune Ian Stone tombe sur un homme couché au milieu de la route. Il s’apprête à appeler les secours lorsque l’homme se relève et le tue. Ian se réveille alors dans un bureau, il n’est plus étudiant mais analyste dans une grande multinationale. Il est contacté par un homme mystérieux qui le supplie de se souvenir et surtout de survivre. C’est pour Ian le début d’une longue quête semée d’embûches pour lever le voile sur la vérité…

 

Une histoire intrigante, de bons acteurs et une réalisation correcte, il n’en faut pas plus pour faire des aventures de Ian Stone le meilleur film de cette sélection 2008. Difficile cependant d’en dire trop sous peine de ruiner le suspense de ce dynamique petit bout de péloche. La vraie bonne idée du film c’est d’ailleurs de toujours coller aux basques du héros et d’épouser son point de vue. Le spectateur est ainsi aussi perdu que lui, jusqu’à ce que les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit. La première moitié du métrage est ainsi parfaitement gérée et ne laisse aucun répit au public, le baladant dans les différentes vies de ce pauvre Ian Stone qui, à la manière du Kenny de South Park (en plus tragique cependant) se fait tuer à chaque fois avant de renaître dans une autre existence. Le suspense est donc savamment entretenu et les informations distillées au compte-goutte. Dommage cependant que la suite soit moins convaincante. Non pas que l’explication donnée ne soit pas satisfaisante, mais elle pose de nouvelles questions auxquelles le film oublie légèrement de répondre. En gros, on aimerait en savoir plus sur cet univers intéressant à peine effleuré. Mais du coup, on se dit qu’une suite (voire même une préquelle) serait parfaitement envisageable, d’autant que le héros anticonformiste est plutôt attachant. Jaime Murray, déjà vue en nemesis de Dexter Morgan dans la saison 2 de la série éponyme, assure une fois de plus et campe une parfaite méchante, face au beau gosse Mike Vogel (aperçu entre autres dans Cloverfield).

On pourra toujours reprocher au film de pas mal lorgner du côté de L’Effet Papillon (pour son intro) et surtout de celui de Matrix (l’élu qui doit se « réveiller » et qui a un don particulier, les costumes des méchants dans la deuxième moitié du film), mais The Deaths of Ian Stone propose une mythologie suffisamment aguichante pour qu’on lui pardonne ces quelques faiblesses. Et puis cela faisait longtemps que le studio Stan Winston ne nous avait pas proposé d’aussi jolies créatures. En clair, sans révolutionner le genre, ce sympathique thriller propose une expérience ludique et agréable qui fait plaisir.

Note : 7/10

Borderland de Zev Berman

Résumé : Enquêtant sur un trafic de drogue, deux flics mexicains se font capturer par les membres du cartel qu’ils espéraient démanteler. L’un d’eux se fait sauvagement assassiner alors que l’autre est laissé en vie pour transmettre un message à ses services. Un an plus tard, trois étudiants américains décident de célébrer leur entrée à l’université en allant faire la fête au Mexique. La fête tourne court lorsque l’un d’entre eux est enlevé par les membres du mystérieux cartel, bien décidés à le sacrifier…

 

Rassurez-vous tout de suite, Borderland n’est pas le titre américain du calamiteux Frontière(s) de Xavier Gens et n’a rien à voir avec celui-ci. Il s’agit ici d’un étonnant thriller horrifique basé sur des faits réels et prenant pour cadre le trafic de drogue au Mexique. Etonnant, car le film n’hésite pas à s’inspirer de plusieurs genres et à faire des variations brusques de tonalité sans que cela ne soit gênant. Le film commence en effet comme le plus basique des tortures porns actuels, avec une scène de torture bien saignante en intro (coupage de main et énucléation sauvage à l’appui), puis la classique présentation des trois héros queutards partis en virée pour se bourrer la gueule et se faire des filles (c’est bien simple, on se croirait dans un remake d’Hostel à ce niveau du film) jusqu’à l’inévitable enlèvement de l’un d’entre eux. Mais c’est à partir de ce moment que le film devient intéressant, puisque la suite part plutôt en thriller policier teinté de fantastique (le cartel de drogue présenté est aussi une secte pratiquant les sacrifices humains pour devenir « invisibles » aux forces de police).

Le réalisateur Zev Berman applique de plus un traitement réaliste au métrage, notamment grâce à une photographie naturaliste du plus bel effet. Plutôt que d’enchaîner les scènes de torture (mis à part son intro choc et un final assez sanglant, le film est en fait plutôt avare en barbaque), il s’attache à développer ses personnages qui se révèlent moins archétypaux que le début du film ne le laissait présager. Le jeune obsédé tombe amoureux de la prostituée avec laquelle il était censé perdre sa virginité, le pote grande gueule est le premier à flancher et à vouloir fuir mais s’avère finalement un ami fidèle, et le beau gosse lisse et gentil finira par faire un véritable massacre chez les membres du cartel. De même, les vilains du film sont présentés comme de vrais adeptes de secte, embrigadés et totalement sous le contrôle de leur leader charismatique. On a d’ailleurs la surprise de retrouver Sean Astin (le gentil Sam du Seigneur des Anneaux) parmi les membres de ce cartel. Berman en profite aussi pour dénoncer l’incompétence et le manque d’implication de la police mexicaine, incapable de s’apercevoir que des dizaines de personnes ont été massacrées au nom de ce culte dérangeant.

Deuxième petite perle de cette sélection après le sympathique The Deaths of Ian Stone, ce Borderland mérite donc amplement le détour.

Note : 7/10

Lake Dead de George Bessudo

Résumé : Trois sœur apprennent la mort de leur grand-père dont elles ignoraient l’existence le jour où elles héritent de sa part d’un vieux motel. Elles décident de se rendre sur place pour visiter les lieux avec quelques amis et de camper dans les environs. Elles ne se doutent pas qu’elles viennent de se rendre dans un piège mortel…

 

Et voilà le nanar de la sélection 2008 ! Un film tellement stupide et mal fichu qu’il en devient immédiatement jouissif. De loin, c’est juste un survival basique de plus, mâtiné de slasher, avec la famille consanguine et les frères mongoloïdes classiques. Mais plus le film avance et plus on s’aperçoit qu’il y a quelque chose de pas net. L’intro est efficace, mais déjà les acteurs jouent un peu comme des pieds. Mais la première scène de meurtre, très graphique et assez originale (la pauvre victime se fait empaler les chevilles avec un tuyau dans lequel est passé une chaîne reliée à un bloc de béton, et elle est ensuite balancée vivante au fond du lac du titre) vient dissiper les doutes. Doutes qui reprennent de plus belle lorsque nous est présentée l’habituelle bande de djeuns crétinoïdes, ici une vraie bande de clichés ambulants : la jeune héroïne fragile qui a des problèmes familiaux (papa boit), son petit ami fidèle et beau garçon qui la soutient quoiqu’il arrive, le meilleur pote qui ne pense qu’à tromper sa copine et boire de la bière, la pouf de base fringuée comme une pute et qui ne pense qu’à baiser le meilleur pote… Et tout ce petit monde se rend joyeusement au motel avant de décider de camper près du lac. Et c’est alors que survient la meilleure scène du film, lorsque tout ce petit monde s’ébat joyeusement dans le lac. L’héroïne et son petit ami sont juste au-dessus du corps de la première victime. La fragile jeune fille sent quelque chose lui frôler le pied (la main du cadavre) mais ne s’en inquiète pas plus. Son super boyfriend perd alors son portefeuille dans l’eau (oui, il le garde avec lui quand il se baigne, première excuse bidon) et plonge pour le récupérer, mais remonte aussitôt parce que « l’eau ça pique les yeux » (seconde excuse bidon). Il décide alors de plonger les yeux fermés pour retrouver son portefeuille à tâtons ! Et on assiste alors à une scène hallucinante lors de laquelle le bellâtre tourne autour du cadavre sans jamais le voir ni le toucher pour retrouver son portefeuille. Si c’est pas du vice scénaristique ça !

La suite déçoit forcément un peu après une telle débauche d’inventivité, mais le film recèle encore quelques perles. Vu que les scénaristes ont tout donné sur cette scène, ils se reposent pas mal sur leurs lauriers pour la suite. Ils repompent tous les derniers survivals ayant cartonné, histoire de faire bonne figure : on retrouve les frères déformés et stupides de Détour mortel, le flic vilain pourri du remake de Massacre à la Tronçonneuse, le petit ami propre sur lui se transforme en trucideur de vilains façon Rambo comme dans le remake de La Colline a des Yeux, etc. Et quand il faut expliciter les relations entre les personnages, le film ne fait pas dans la dentelle non plus : à peine éloignés de 100m du camp, le queutard et la pouf s’envoient en l’air doggystyle, et puis pour montrer que la famille de méchants a des relations consanguines, le fiston shérif roule une grosse galoche bien baveuse à sa mère. Les acteurs incarnant les méchants cabotinent à outrance (mention spéciale à la mère de famille) et à côté, les gentils sont d’une fadeur à toute épreuve.

Au final, si on est loin d’avoir une nouvelle perle nanaresque digne de rester dans les annales, Lake Dead comporte suffisamment de scènes crétines pour mériter un visionnage d’un amateur du genre…

Note : 3/10

 

Unearthed de Matthew Leutwyler

Résumé : Sur une route peu fréquentée du désert américain, un poids lourd se renverse suite à une collision avec une étrange créature. Ce poids lourd transportant l’approvisionnement en essence de la seule station station-service à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, un groupe de personnes se retrouve coincé au milieu de nulle part. Et manque de bol, la mystérieuse bestiole rôde dans les parages…

 

Dernier film de cette sélection 2008, Unearthed n’est heureusement pas le moins bon du lot. Ce décalque d’Alien dans le désert est une solide série B plutôt efficace malgré son manque flagrant d’originalité. Les personnages sont classiques et purement fonctionnels (la flic alcoolo ayant un lourd passif, le chasseur obsédé par sa proie, et les personnages « chair fraîche » peu développés). Leutwyler utilise avec application tous les ressorts éculés du film de bestiole : le bruit suspect lors de la sortie des poubelles, le personnage qui fait le fier et se fait dégommer, le sacrifice héroïque du salaud, etc. L’amateur sera donc en terrain connu et n’aura que peu de surprises, mis à part peut-être sur l’identité des survivants. La bestiole elle-même est une resucée de l’alien de Giger en plus cheap. On saura donc gré à Leutwyler de ne pas trop la dévoiler et de la garder la plupart du temps dans l’ombre. La première moitié du film est à cet égard plus réussie que la seconde, puisque la créature ne nous est jamais dévoilée, seul le résultat de ses attaques est montré (résultat assez peu ragoûtant il faut l’avouer). Le film est correctement emballé, se permettant même parfois quelques beaux plans nocturnes qui font plaisir.

Du côté des points positifs, on notera la présence en têtes d’affiche de deux acteurs avec de la bouteille, la ravissante Emmanuelle Vaugier (vue dans Saw 2 et 4, ainsi que dans de très nombreuses séries télé, notamment Les Experts New York et Smallville) et l’excellent Luke Goss (le prince Nuada dans le génial Hellboy 2). La première interprète la shérif alcoolo de la ville, qui finira bien entendu par reprendre du poil de la bête et révéler sa vraie valeur lors de l’affrontement avec la créature. Le second incarne un scientifique à l’origine du réveil de la bestiole, et bien décidé à l’éliminer coûte que coûte. Goss apporte un petit côté Riddick à son personnage assez appréciable. Autre élément intéressant, la mythologie développée autour de la créature, qui prend comme point de départ la mystérieuse disparition de la tribu Anasazi quelques siècles auparavant (les fans de X-Files sauront très bien de quoi il retourne). L’explication donnée est originale et apporte un petit plus au film. Loin de révolutionner le genre (il est un peu trop repompé sur Alien pour ça), Unearthed a au moins le bon goût de ne pas le tourner en ridicule. Un bon film pour un samedi soir entre potes…

Note : 6/10

 

Alors au final, que retenir de cette fournée 2008 ? Et bien comme l’an dernier, la sélection est réellement inégale, faisant se côtoyer films corrects voire bons (The Deaths of Ian Stone, Borderland) avec des navets ridicules (Nightmare Man) voire carrément énervants (Crazy Eights). Le problème, c’est que la balance penche plutôt du côté de la médiocrité et du consensuel (même les films corrects de la sélection sont assez peu originaux). On se demande donc combien de temps va durer la manifestation si Courtney Solomon ne redresse pas rapidement la barre. Et ce n’est pas la sélection 2009 qui va rassurer les amateurs. Entre une suite inutile (L’Effet Papillon 3), le nouveau film du tâcheron à l’origine du minable Dark Ride sélectionné il y a deux ans (Perkins 14 qui fleure bon le navet une fois de plus), le premier film du scénariste des derniers Hooper et du Mother of Tears d’Argento (voilà qui fait déjà bien peur !), il faut avouer qu’il y a de quoi s’inquiéter. Mais comme on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, vous pourrez compter sur moi pour vous faire le compte-rendu de tout ça !

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