Il semble que la nouvelle ait été assez largement évoquée en France, suffisamment pour générer un peu d'inquiétude quant au déroulement de ma soirée du Nouvel An.
Une boite de nuit de Bangkok, appelée Santika, a pris feu peu après le passage en 2009. Le bilan est auj'ourd'hui d'une soixantaine de morts et environ 200 blessés.
Ce soir là, nous étions sur l'Esplanade de Central World, pour assister au feu d'artifice et au décompte final. Nous avons décliné l'invitation reçue pour la soirée au Santika, où nous allions régulièrement, pas trop tenté par la cohue de ce genre de réveillon en club. C'est une chance.
Le Santika se situe à environ 500m de chez moi, dans le "Soi Ekkamai", une rue comptant pas mal de clubs et de bars branchés. L'établissement en question est fréquenté par des clients assez aisés, Thaï et Etrangers vivant en Thaïlande.Il comporte une grande scène où se produisent tous les soirs divers groupes, et parfois des stars locales voire internationales à l'occasion de soirées spéciales.Une de mes connaissances s'y produit régulièrement. Je n'ai pas eu de nouvelles directement mais il est semble-t-il en famille en Angleterre pour les fêtes.
L'endroit était loin d'avoir un aspect vétuste ou dangereux. Néanmoins, il semble, d'après les témoignages et mes vagues souvenirs, que les issues de secours étaient mal signalées. Car bien qu'elles existaient, le lourd bilan de cet incendie est a priori lié à la cohue qui a suivi le début du sinistre, les clients se ruant tous vers la porte d'entrée, trop petite pour, à elle seule, évacuer rapidement la foule.
Maintenant, beaucoup de questions restent à élucider. Par exemple comment le feu s'est il déclaré? On évoque des effets pyrotechniques utilisés sur scène...
Mais la plus grosse question est: comment ce club a-t-il eu l'autorisation d'accueillir du public si les issues de secours étaient mal signalées et/ou sous-dimensionnées?J'ai peur que, malheureusement, on s'arrête ici à déclarer que ces issues étaient inadaptées, oubliant la très probable responsabilité des autorités censées vérifier la sécurité. Le scénario impliquant un petit bakchich à l'inspecteur de sécurité incendie ne serait, pour moi, pas une surprise.C'est l'habitude ici...
J'en ai déjà parlé de nombreuses fois. La corruption, à tous les niveaux et à toutes les échelles et le cancer de la Thaïlande. Aucune mesure politique, aucun progrès démocratique ou économique ne fera réellement avancé les choses tant que ce système subsistera.
Les policiers, par exemples, sont ici devenus une sorte de Mafia. Faisant appliquer la loi dans la plupart des cas, mais prêts à fermer les yeux pour leurs propres intérêts. Ces intérêts sont financiers (du petit billet de 100 baht pour éviter l'amende plus lourde à l'acharnement judiciaire pour extorquer un maximum de l'étranger "poule aux oeufs d'or") ou politiques (Taksin, l'ex premier ministre en fuite fut d'abord chef de la police... ici, ça ne choque personne).
J'ai pour l'instant réussi à ne pas participer à ce système, même pour des questions anodines. J'espère pouvoir continuer ainsi.
Cette tragédie est une terrible illustration des conséquences que peuvent avoir un simple petit "arrangement".