Je devrais pourtant m’inspirer d’une citation de Françoise Giroud, lue tout à l’heure sur la «une» du Figaro : “C’est voluptueux, de ranger ; mais c’est tuant.” tirée de «La rumeur du monde»… Mais sans doute n’ais-je pas envie de périr à la tâche ?
Quand bien même en parlerais-je sur le ton de la plaisanterie – j’ai dû avaler le boyau de la rigolade en même temps que mon bulletin de naissance ! j’ai fait bien rigoler mon amie A. en lui disant cela tout à l’heure au téléphone - je n’ai toutefois pas plus envie de rigoler que cela, tant mon bordel devient monstre et me pourrit la vie : c’est fort mauvais pour le moral.
Surtout quand on est déjà dépressive, ceci étant sans nul doute cause et conséquence en même temps : aboulie et procrastination – tendance à tout remettre au lendemain. Enfin bref, je me laisse envahir et n’arrive point à réagir… Je ne saurais dire si les bonnes résolutions que l’on est censé prendre en ce début d’année me seraient d’une quelconque utilité sur ce chapitre.
Pourtant tout avait bien commencé depuis le début juin. J’avais entrepris et mené à bien une foule de rangements et de bricolages divers, sachant par expérience qu’avec un chaton à la maison, mieux vaut que rien ne traîne.
Mais je n’avais - hélas ! - pas prévu la tornade Tubarào ! alias «Tupamaros» (la racine est la même) et «Destructor»… Si elle s’était contentée de niquer les fils de mes deux écouteurs (de bonne qualité) cela n’eüt été qu’un moindre mal. Guère agréable mais bon… si j’avais su, j’eus acheté des écouteurs merdiques – chinois of course – à bas prix !
Mais alors que j’avais passé quasi une semaine à repasser des tonnes de linge et de vêtements qui attendaient désespérément depuis le début avril !… Le repassage n’étant pas du tout ma tasse de thé ! Je comptais sur une copine – contre rétribution évidemment, je n’ai nulle propension à l’esclavagisme ! – qui m’avait laissée sans nouvelles depuis ce moment… je reçois un SMS d’elle… le 25 juin ! me demandant si elle pouvait passer, comme si de rien n’était…
Dire qu’il a été mal reçu relève de l’euphémisme… je terminai à peine une dernière panière de linge (des rideaux très épais, et donc assez difficiles à repasser même à la vapeur et encore humides, ainsi qu’une housse de couette, fraîchement lavés) et j’en avais vraiment ras-le cul !
D’autant que je n’ai jamais su repasser assise, même quand je n’avais pas droit à l’appui sur ma jambe accidentée, et que plusieurs heures debout devant la table à repasser finissaient par relever du supplice.
C’est dire la mauvaise humeur avec laquelle j’ai répondu sèchement, qu’un, je m’apprêtais à faire la sieste (ce qui était vrai) et que deux, je ne serais guère chez moi jusqu’au lundi, ce qui était tout aussi vrai. Aucune nouvelle depuis ! Au demeurant, elle nous doit encore 60 euros (50 à mon amie A. et 10 pour ma part) dont nous avons fait notre deuil.
Je croyais pourtant être parvenue au bout de mes peines concernant le lavage et le repassage… J’avais pris comme sage et ferme résolution de ne plus me laisser envahir et de tout faire quasi au jour le jour. C’était sans compter sur miss Tubarào qui pissa sur le lit 4 fois en une semaine ! Je parvins fort heureusement à sauver le matelas en réagissant promptement avant qu’il ne soit atteint…
Mais à chaque fois, je dus tout laver, y compris couettes et oreillers ! De quoi décourager la meilleure des bonnes volontés. Depuis, le linge fut lavé mais non repassé.
De même, j’avais quasi fini la plupart des rangements (et grand ménage dans la foulée). La cuisine et la salle, plus les w.c : sans doute pas très vastes mais en longueur. Une vraie cabine de bateau : dans un appartement de 45 m² avec des murs en soupente, chaque centimètre compte ! Grâce à ’ingéniosité de mon amie A. bricoleuse de génie qui y a déployé toutes ses ressources, avec des étagères de part et d’autres.
Las ! Sortant tout pour nettoyer et faire la poussière, je me suis rendue compte qu’en revanche son sens du rangement rationnel n’était pas aussi développé… J’ai passé deux jours à remettre les caisses à outils en ordre, regrouper dans les boîtes ce qui devait aller ensemble (vis, clous, matériels électriques ou de plomberie, de peinture, etc) et même trouver d’ingénieux rangements pour tout ce qui était en vrac dans les tiroirs des commodes…
J’en avais effectivement plus que marre de m’y niquer les doigts à chaque fois que j’y cherchais quelque chose, tombant sur quelque instrument aussi contondant qu’une lame de scie, des serre-joints ou des spatules ! Je ne saurais dire pourquoi mais j’ai le bout des doigts extrêmement sensible… et c’était un véritable supplice.
Je venais de terminer le rangement et le grand ménage de la salle, j’étais même montée sur le très grand escabeau pour nettoyer la poussière sur le dessus des bibliothèques et de la poutre. Il ne me restait donc plus que la chambre, où bien entendu, j’avais entassé le bordel résiduel, en attendant de m’y attaquer définitivement.
Sans doute Tubarào est-elle arrivée une semaine trop tôt ? Je pensais bien faire en soulageant ma voisine C. d’un des 4 chatons. Toujours est-il que la chambre est toujours dans le plus grand bordel ! Et que le reste de l’appartement ne s’est pas amélioré sous l’influence dévastatrice de mademoiselle Tubarào !
Vous y ajoutez ma propension naturelle au bordel : je suis à nouveau envahie !
Si j’avais un scanner, je vous tirerai bien volontiers une planche d’un album de Gaston Lagaffe où on le voit chercher quelque chose (que lui demande Fantasio) sur son bureau, sous un empilement incroyable de paperasses, classeurs, livres divers… Et Fantasio de tirer un fil électrique qui dépasse : écroûlement ! Gaston, fort marri, concluant : “Et qui va devoir reclasser tout ça ? C’est Gaston évidemment !”…L’auto-dérision faisant partie de mon humour, je n’ai jamais vu cette planche sans un sourire le plus large possible… Mon bureau présentant toujours de furieuses ressemblances avec celui de Gaston… Mais à la puissance 10 : ce sont toutes les surfaces planes disponibles que j’envahis de même ! J’ai heureusement réussi à faire place nette sur le lit… il fut un temps où j’étais obligée d’en dégager une partie si je voulais dormir… mais le canapé de la salle est fort envahi, sans rien dire de la table, pourtant assez grande.
Mais ne croyez pas que je m’y complaise. Bien au contraire, cela m’insupporte au plus profond de mon être… Et je suis trop persuadée qu’à n’importe quel âge, il faut savoir se remettre perpétuellement en cause sur tous les plans, pour accepter passivement cette… passivité ! D’autant que je sais parfaitement qu’une fois tout remis à plat, le ménage et les divers travaux de la maison n’en seront que plus facilités (gain de temps).
Me discipliner. “M’acheter une conduite” (intérieure) et faire ce que doit, en temps opportun. Toutes les femmes savent mieux que quiconque que les tâches ménagères sont un “éternel recommencement”… A peine a-t-on fini un repas, qu’il faut laver la vaisselle en pensant au suivant. Idem pour les lessives, à peine a-t-on sorti le linge de la machine à laver, qu’une autre fournée vous fait de l’oeil dans la corbeille à linge.
Sans même parler de la poussière qui se dépose partout, surtout les fenêtre ouvertes (la polllution du trafic automobile intense y est pour quelque chose !). Et maintenant que je n’ai plus les longs poils de Fox-Trot à traquer, c’est mémé Kamizole qui les perd tout aussi vite !… Un vrai désastre. Mes pulls (sombres) se décorent d’une véritable “moumoute” de longs cheveux blancs frisés. Et, pour tout arranger, impossible de me souvenir où j’ai rangé la brosse à habits !
Il va falloir que j’aille voir mon médecin traitant. Je devais faire une recherche du taux de TSH - thyroïde - il y a deux ans mais j’ai laissé filer le temps, car la chute anormale des cheveux fait partie des symptômes dus à l’hypothyroïdie…
Pas très fortiche pour une ex-infirmière mais, que voulez-vous, l’on sait depuis longtemps que ce sont les chausseurs les plus mal chaussés !
Si vous tenez vraiment à souhaiter une bonne année 2009 à mémé Kamizole : mobiliser mes ressources et l’énergie nécessaires pour un super-rangement, je ne demande rien d’autre !