A défaut d'être climatiquement douce, la rentrée risque d'être chaude sur le front social :
Selon Les Echos, le secteur de la construction est en très grande difficulté: l'organisme qui assure le paiement des sous-traitants (la SFAC, qui a un quasi monopole sur ce secteur. Il faudrait savoir pourquoi, mais pas le temps de chercher...) refuse de réassurer 300 entreprises, ce qui, si elles appliquent strictement la loi, signifie pour ces sociétés un arrêt de leur activité. Et le nombre de contrats de construction signés en novembre est inférieur de moitié à celui de l'an dernier. Bref, 300 constructeurs pourraient n'être que la première vague de dépôts de bilan à venir.
La SFAC et les professionnels se tournent vers... Bercy, pour faire réassurer par le contribuable les ardoises des constructeurs vis à vis de leurs sous-traitants. A 80 milliards de déficit hors sécu pour 2009, on n'en est plus à une petite garantie près. "C'est du hors bilan", comme on disait chez Fannie Mae...
L'interim, indicateur traditionnellement fiable du marché du travail, connaît une baisse d'activité sensible. Or, décembre est traditionnellement un mois ou beaucoup de CDD annuels ou semestriels se terminent. On peut donc hélas raisonnablement supposer que le taux de renouvellement sera plus faible que d'habitude. Les chiffres du chômage de janvier -- qui paraîtront début février -- risquent d'être particulièrement mauvais, sauf miracle du lissage en "données corrigées des variations saisonnières", grande invention s'il en est.
A noter, selon l'article cité en lien, que les professionnels du bâtiment comme ceux de l'intérim comptent beaucoup sur le marché des énergies renouvelables et la mise aux normes des bâtiments pour "créer de nouveaux emplois". Sauf que ces deux secteurs sont lourdement subventionnés, donc toute "création" d'emploi s'y paie par de la destruction ou de la non création d'autres emplois. Sans parler du risque d'éclatement de la bulle verte, qui me parait assez inéluctable, quoique il soit impossible de dire "quand". L'espoir auquel certains se raccrochent tient plutôt du miroir aux alouettes...
Bref, la rentrée d'hiver sera chaude, malgré le climat plutôt rude. Or, pour tout arranger, ne voilà pas qu'une grève dure se profile au nouveau pôle emploi, résultat de la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC.
Peu importe le bien ou le mal fondé de cette décision de fusion sur le principe (à mon avis, une réponse à côté de la plaque à un problème réel mais mal posé. Mais passons. Pas le temps de développer), mais visiblement, d'après des sources internes, cette fusion ordonnée par le politique a été managée façon "haute fonction publique", c'est à dire à la fous-moi-le-camp. Aucun des problèmes bien connus des spécialistes de la fusion des grands groupes privés (organisation du travail, informatique, définition des fonctions et des équivalences salariales, formation, transformation des métiers, etc...) ne semble avoir été traité correctement par le management. Aucun consultant spécialisé dans la fusion d'entités culturellement assez diverses ne semble avoir été engagé. Rien ne semble effectivement prêt à fonctionner normalement, et des milliers de personnes semblent devoir s'apprêter à changer de métier en quelques jours sans formation et sans back-office. Des détails, quoi...
Adoncques, le nouveau pôle emploi semble arriver totalement désorganisé face à la crise. L'efficacité réelle du pôle risque donc de ne pas être meilleure que celle des deux administrations qui l'ont précédée. Et le moral des chômeurs ne devrait pas en sortir grandi. Une coïncidence qui tombe vraiment mal !
Pour peu que la publication des comptes annuels des banques (qui doivent être certifiés, au contraire des trimestriels...) ne laisse apparaître de nouveaux cadavres, ce qui, par les temps qui courent, n'est pas inenvisageable, et nous devrions connaître un début 2009 morose. Très morose.
Et bonne année quand même...
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