Daikichi, trentenaire bientôt relégué à la case « vieux garçon », dont le charme ne fait que peu vaciller le cœur de ces dames, est quasi phobique de ces petits bonshommes hauts comme trois pommes, qui hurlent et gigotent à tout va, et que l’on appelle communément : les enfants. Et le destin, toujours aussi joueur avec les hommes, va le placer face à sa pire crainte : devenir père par procuration de l’un de ses êtres adorablement maléfiques!
Pour vous mettre en bouche :
Le jour des obsèques de son aïeul, Daikichi découvre l’existence de Rin, fillette réservée qui est née des amours tardifs de son grand-père et d’une mystérieuse inconnue. Aucun membre de la famille ne souhaite accueillir Rin, trop « illégitime » et symbole des amours cachées d’un octogénaire pour susciter l’intérêt de ses grandes, voire très âgées, sœurs. Face à ce manque de compassion et d’humanité, Daikichi décide de devenir son tuteur légal et l’entraîne dans sa vie de travailleur urbain. Habitué à penser pour un, à dormir dans des locaux professionnels, à ne changer les draps qu’une fois recolorisés en jaune écœurant, à ne jamais fréquenter les rayons 0-6 ans des boutiques…il va devoir concevoir une vie en duo, muter de service pour bannir de trop accaparantes heures supplémentaires, calculer par de savants schémas le parcours maison-crèche-travail le plus optimal pour son emploi du temps…mais ses efforts seront récompensés. Le partage, le don de soi, même avec maladresses, vont être gage de confiance pour Rin, qui va s’ouvrir et devenir plus expansive. Seul ombre au tableau dans ce nouveau binôme, l’absence et les mystères qui entourent la mère de Rin. Un nom sur un carnet de santé comme unique indice de départ vont permettre à Daikichi de mener une enquête sur les origines de sa nouvelle protégée.
Mon avis :
La trait de la mangaka est très épuré, sobre, sans grisé excessif. Un graphisme light que mon œil a particulièrement apprécié. Le scénario est crédible grâce à des scènes du quotidien japonais, le duo Daikichi-Rin touchant et rempli d’authenticité, pour aborder avec délicatesse, voire drôlerie, les thèmes de la monoparentalité masculine et la difficulté d’inculquer une bonne éducation à une enfant qui nous est inconnue. Un récit en deux tomes, avec un petit dernier qui arrive en Mars (et un quatrième déjà paru au Japon), qui donne envie de ré-intituler «Un drôle de Père » par «Un tendre Père », tant le réalisme de l’histoire nous rend ces personnages si attachants !
Emilie Genévrier