6 mois à Darwin

Publié le 01 janvier 2009 par Jean-Michel Frappier
On s'est enfin trouvé une maison que l'on partage avec des amis taiwanais, coréens, japonais et français. C'est beaucoup trop cher et le proprio est chiant, mais on est en plein centre-ville et ça fait du bien d'être installé au même endroit après un an de bougeotte. On a maintenant un semblant de vie normal, vélo, boulot dodo en Australie
tous les matins à l'aube, juste avant le boulot, je m'installe dans un parc pour émerger du sommeil et siroter un café bien glacé parce qu'il fait déjà plus de trente degrés. Les derniers fêtards titubent à la sortie des clubs vers leur hôtel, les immenses chauves-souris s'envolent des manguiers pour laisser place aux perroquets et aux cacatoès à tête rose, sur la pelouse, étendus semi comateux, un groupe d'aborigènes qui ont succombé au grog (alcool).
Je prends le monte-charge jusqu'au dernier étage de la tour où je travaille et finis mon café en observant le soleil qui s'installe dans le ciel, colorant la baie de Darwin de magnifiques teintes orangées. J'accueille mes collègues de travail grecques dans leur langue pour leur faire plaisir, kalimera yani, kalimera costa et comme tous les matins depuis bientôt six mois, je n'ai droit en guise de réponse qu'à un genre de grognement primitif que j'interprète par, Salut Jean-Michel comment vas tu my mate!, question de ne pas perdre le sourire. Ils sont toujours aussi sympathiques.
Le patron arrive, cris encore une fois après tout le monde en Grecs, moi y compris et m'explique le boulot pour les dix prochaines heures en moins de deux minutes avec sont accent pas possible auquel je ne pige toujours rien, mais maintenant je ne stress plus et le laisse partir pour la pêche sans posé de question, parce que'une fois que l'on a construit un étage c'est toujours le même travail d'un niveau à l'autre, mais de plus en plus haut et ça commence à être un peu trop haut à mon gout!

Le travail en tant que tel est agréable, je travaille fort physiquement au soleil et le boss n'est jamais là, mais maudit que les journées sont longues sans parler! J"essais d'avoir des conversations, mais............ rien! Je leur ai proposé de leur enseigner l'anglais, mais mis à part apprendre à compter et le nom des outils ça ne les intéresse pas. Why? ten thousand greek in Darwin!
On me transfère sur un autre chantier pour aider à la fabrication des escaliers, parfaits, j'apprends de nouvelles techniques et peux enfin avoir une vraie expérience de travail dans un milieu anglophone. J'assiste troy un petit gros au chapeau de cowboy et à la moustache de champion, 100 % australien et fier de l'être, tellement, qu'il a le drapeau tatoué en plein milieu du dos!
Huit heures, il nous manque quelques outils, on prend le camion pour aller les chercher sur un autre site, en chemin, on fait un arrêt au service à l'auto du bottle shop! Le commis qui semble reconnaitre un habitué nous décapsule deux bières pour la route, on fait quelque détour en ville le temps de finir nos bouteilles, puis on s'arrête de nouveau dans une autre commande à l'auto, 2 autres VB mate! Au retour, le même manège recommence, j'essaie de refuser une troisième et quatrième bière, mais Troy qui a maintenant une tronçonneuse à portée de mains insiste fortement!
Neuf heures c'est la pause, smoko comme on dit ici. Je prends un café dans un coin avec un autre employé à l'haleine d'alcool du tonnerre, il semble franchement amoché. On discute un peu, il m'offre un coke puis, se relève avec peine et me quitte d'un pas chancelant pour remonter au sommet de la grue qu'il contrôle!!!!!!! Je le regarde gravir l'interminable échelle avec la forte impression qu'il n'y arrivera pas, j'ouvre la canette qu'il m'a donnée et en prend une grosse gorgée, Poooooouah!!!! Jim beam bourbon cola! Heureusement, j'ai été rapidement retransféré avec mes charmants amis grecs avant de finir complètement alcoolique.
En creusent pour un nouveau bâtiment on aperçoit toujours de gros lézard et à chaque fois tout le monde se fout de ma gueule quand je me sauve à toute vitesse des reptiles et des serpents complètement inoffensifs. Les insectes me dérangent moins, mais c'est d'eux que j'aurais dû me méfier. En essayant de remettre en marche un moteur qui s?était arrêté, j'ai senti une brulure atroce sur l'avant-bras, pourtant je n'ai qu'une petite plaie et le moteur ne semble pas si chaud, je me remets au travail. La blessure purulente et la douleur empire de jour en jour, après une semaine le tout tourne noir et enfle à un rythme alarment, Elaine me force à aller voir le médecin. Le verdict piqure d'araignée! Après deux jours de traitements aux antibiotiques rien ne c'est amélioré et j'ai l'impression que quelque chose gruge tranquillement mon bras, la douleur est intolérable. On change de traitement, j'ai maintenant droit à une injection sur les fesses tous les matins se qui guéris le tout rapidement. Au bout d'une semaine le tout a désenflé et tout le pus disparu, se qui me laisse une cicatrice sur mon avant. Deux semaines plus tard sur le même chantier, la même douleur, mais cette fois sur le tibia. Ça ne semble pas trop s'infecter donc je ne m'inquiète pas, mais juste pour être sur le médecin me pique encore une fois sur les foufounes. Le lendemain matin, tout mon tibia semble être un marécage de pus infects et ça fait mal en tab............... direction l'urgence on me donne aussitôt des calmants qui me cament complètement et l'on m'installe des intraveineuses, le verdict piqure d'araignée et streptocoque, une autre semaine de congé. De retour au travail, j'insiste pour travailler au sommet de la tour le plus loin possible de ces araignées!

Àprès 6 mois on m'a proposé de me sponsoriser pour un visa de travail de deux ans, premier pas pour la citoyenneté australienne...................... euh non-merci!!
Jean-Michel
Après avoir lavé la vaisselle quelques semaines et m'être occupé des buffets de mariage la fin de semaine, on m'a offert le poste de buffet runner. J'étais responsable de la propreté du buffet au restaurent le Sunset et préparais de la nourriture entre le diner et le souper dans mon habit de chef avec ma toque sur la tête.

J'ai travaillé fort comme une petite abeille, j'avais parfois l'impression d'être une machine et n'ai jamais travaillé aussi fort de ma vie.
Mon équipe de travaille étais merveilleuse et provenais des quatre coins de la planète, j'ai rencontré des gens formidables avec qui je me suis lié d'amitié pour la vie.
J'ai reçu énormément de compliments de mes patrons, ce qui m'a beaucoup valorisé et m'a prouvé que j'étais capable de travailler aussi bien dans un autre pays, dans une autre langue et dans un domaine complètement différent que celui auquel je suis habitué
J'ai passé par dessus le stress et mes craintes, je suis vraiment fier d'avoir persévéré et maintenant on peut repartir en voyage!
Àprès 6 mois on m'a proposé de me sponsoriser pour un visa de travail deux ans, premier pas pour la citoyenneté australienne...................... on sait jamais, ça pourrait être bien!!

Elaine
Nos 6 mois de travail terminés, les poches à nouveau remplies, on part sur les routes de l'Australie avec un grand sourire pour l'un et le coeur gros de quitter tous ses nouveaux amis pour l'autre.