Crédit photo Irène de Staal
Les flocons rattrapent les traces. Une sente aurait dû marquer l'endroit, le nouvel espace blanc. Le village dira bientôt que Suzanne Follon est couchée sur le froid, qu'il l'a rapidement givrée dans son gros anorak comme elle l'était par un grain depuis la ruine de la fabrique.
Le vieux Bernard siffle ses chiens et l'allure du traineau se maintient. Du bois, des congères, voilà tout ce qu'il croise. Respecter la morte et attendre le printemps, lui rendre l'hommage de la découvrir pendant les premiers nettoyages – à la saison qui suit les crocus et les perce-neige –, chacun en son âme et conscience taira sa disparition. Les lois de la ville ne s'appliquent pas à Loubaret d'Astarac où les gens d'ici peuvent choisir l'heure du dernier repos.