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Nous étions prévenus. Hier soir, mercredi 31 décembre, Nicolas Sarkozy a voulu innover. Il a enregistré des voeux télévisés aux Français depuis la bibliothèque de l'Elysée. Son conseiller en communication nous l'avait expliqué : le cadre est plus large. C'est mieux pour le 16/9ème ! Des voeux sous contrôle L'attention peut paraître ridicule. Le Figaro s'est fait le porte-parole de la cellule de com' du Monarque dans un article de son supplément Télévision le week-end dernier. Un beau spécimen de lèche-majesté. On y en apprenait de belles sur les intentions du président : «Il veut envoyer un message positif, il veut adresser des vœux concrets. Son intention est de dire aux Français qu'après avoir changé l'Europe, il est train de changer la France» dixit un "proche". L'équipe de communication a travaillé dur. Franck Louvrier, dans le texte: "Pour la première fois le président de la République s'adressera debout, face aux Français, de la bibliothèque de l'Élysée et non de son traditionnel bureau. C'est dans cette bibliothèque qu'a été réalisée la photo officielle de Nicolas Sarkozy. Ce choix permettra au réalisateur d'avoir un champ horizontal beaucoup plus large et s'adaptera donc parfaitement au format 16/9 des nouveaux écrans de télévision. L'autre nouveauté sera l'apparition, juste avant l'intervention du Président, sur fond de Marseillaise, de la tour Eiffel éclairée en bleu, afin de marquer le dernier jour des six mois de la présidence française de l'Union européenne." Bref, on résume : Un générique "façon Guerre des Etoiles" Un travelling sur la Tour Eiffel bleutée des couleurs européennes Un drapeau tricolore qui surgit dans la bibliothèque de l'Elysée Une allocution debout Vous la percevez, la modernité ? L'exercice est habile. Nicolas Sarkozy a prévu un tour de France dans les semaines à venir : le 6 janvier auprès des casques bleus français au Liban-Sud, dans le camp d'At-Tiri ; puis, du 9 au 14 janvier, "dans un hôpital pour présenter ses vœux aux personnels de santé, dans une gendarmerie pour dialoguer avec les professionnels de la chaîne pénale (gendarmes, policiers, magistrats, gardiens de prison), dans un théâtre pour discuter avec le monde de la culture, dans un établissement scolaire pour écouter le monde de l'éducation et, enfin, dans une entreprise pour parler économie et emploi." Il a surtout décidé de renoncer à toute conférence de presse. Celle du 8 janvier 2008 lui avait laissé un mauvais souvenir. Le Général de Gaulle aimait ses conférences de presse. Sarkozy, trop agité et susceptible, préfère des discours faussement "cool", préparés devant des assistances maîtrisées. Qui aurait penser que le Monarque aurait ainsi peur de la confrontation ? Un monarque content de lui Sur le fonds, peu de nouveautés. Son message tenait en trois parties : Primo, "Les difficultés qui nous attendent en 2009 seront grandes" ou encore : "Pour tous les Français, cette année à été difficile". Des variantes polies pour dire que "nous sommes sacrément dans la merde !" (pas lui. Nous). Secundo, mais heureusement, "depuis que les difficultés sont apparues je vous ai toujours dit la vérité et j'ai agi"" ("heureusement, je suis là"). Une vingtaine de "JE" narcissiques plus tard, il avait égréné ses bons points: il a sauvé l'Europe du "chacun pour soi", convaincu le monde de réformer le capitalisme ("Les initiatives que j'ai prises au nom de la présidence française de l'Union européenne pour coordonner l'action de tous les Européens et pour réunir les chefs d'État des vingt plus grandes puissances mondiales à Washington, ont permis d'éviter que le monde s'engage sur la pente du chacun pour soi qui aurait été fatale"), lancé un "plan de relance massif de l'investissement" (notez le changement de vocabulaire : ce n'est plus un "plan de relance"), protéger les plus pauvres grâce au RSA Tertio, "la crise nous oblige à changer plus vite et plus profondément". Sarkozy a ainsi réitéré son soutien à des réform