Voilà, on peut le dire : pour 2008, c'est plié. Nous sommes le 31 décembre, ce billet sera posté dans les dernières heures de la dernière journée du dernier mois de l'année, et on peut raisonnablement penser que les quelques minutes qui restent sur 2008 ne verront pas la face du monde changer dramatiquement. La charnière entre deux années est traditionnellement le bon endroit pour jeter un oeil devant et un oeil derrière, et tant pis pour le risque du strabisme divergent.
Comme je l'évoque dès le titre, l'année qui s'achève aura donc été une année à nulle autre pareille, et l'année suivante s'annonce elle aussi pleine de rebondissements que les saltimbanques de la politique vont s'empresser de subir avec toujours plus de décalage et de cuistrerie. Il y a en effet fort à parier que la crise, pardon, la criiiiiiiiiise va secouer les marronniers de nos sangsues étatiques : la déflation va d'un côté rendre l'argent de plus en plus rare et coûteux, et de l'autre côté, les agitations cosmétiques des impuissants qui nous gouvernent appelleront à toujours plus de dépenses. Il va sans dire que l'effet ciseau promet d'être grandiose.
En clair, l'année 2008 fut une magnifique démonstration de la totale vacuité des agissements politiques qui n'ont en rien diminué l'impact de la crise. Les gouvernants se sont finalement bornés, ensemble ou chacun dans leur coin, à constater des évidences, les coucher sur du papier vélin surfin avec tout les ors protocolaires nécessaire à la solennité des grands mouvements d'air chaud, et à faire savoir urbi et orbi et qu'ils allaient tous faire des trucs et des machins importants, tout en se gardant de les qualifier ou de les quantifier. En somme, nous marchions dans le noir. A présent, nous courrons en agitant les bras. Mais au moins, nous le faisons avec la certitude d'avoir signé tout un fatras de protocoles d'accords ronflants qui nous serviront bien le moment de réécrire l'histoire venu.
Encore quelques heures donc, et Sarkozy ne sera plus à la tête du Conseil Européen. Avec le changement présidentiel européen et américain, plus personne ne va donc écouter le président français, qui va pouvoir goûter au contraste : passer ainsi de la furie médiatique d'une omniprésence internationale du coeur d'une crise centenaire aux bêtes guéguerres de partis franchouillards dans un hexagone devenu furieusement trop étroit pour la personnalité en pleine croissance du chef de l'état, c'est risquer le nervousse brèquedonne, la récession dépression, la déchéance, l'opprobre.
2009 : violent contraste à l'Elysée
Pendant ce temps, n'en doutons pas, certains chefs d'état vont fêter avec une dignité et une sobriété qui les caractérisent les "écarts du capitalisme", la "faillite évidente" de l'ultra-néo-libéralisme qui mange des enfants ; à n'en pas douter, on va reprendre deux fois des nouilles à Caracas et La Havane. Je dis bien des nouilles, parce qu'il ne faut pas oublier que les vertus du socialisme même un petit peu appliqué n'ont guère laissé que ce met aux plus riches : si la criiiiise est pénible pour les salauds de pays capitalistes, elle va être insupportable pour les autres grâce à leurs efforts continus pour s'embourber davantage.
Socialisme : vénézuéliens et cubains savent maintenant ce qui les attend
Evidemment, les gentils collectivistes pourront toujours dire que c'est parce que les salauds de capitalistes les exploitent, eux qui n'ont que d'énormes réserves de pétrole ! Eh oui : le capitalisme fait toujours autant de ravage là où il ne sévit pas.
Et en parlant de capitalisme qui ne sévit pas ou plus, on pourra avoir une petite pensée émue pour un certain Barak O. Il ne faudra pas longtemps pour observer, notamment dans les médias français, des retournements de vestes de rapidité olympique à mesure que le candidat démocrate va devoir composer avec un pays en déroute, et laisser tomber une à une les promesses de campagne. Il y a fort à parier que l'Irak restera encore un moment un bourbier coûteux, que les plans magiques de relance s'avèreront sans effet si ce n'est l'accroissement géométrique des déficits ou que les fonds manqueront subitement pour toutes les géniales collectivisations forcenées qu'il envisageait sans rire avant son élection.
Lorsque petit à petit, il apparaîtra pour ce qu'il est, à savoir bien plus à droite que Sarkozy, et, conformément à ce qu'il a été élu, bien plus prône à défendre les intérêts américano-américains qu'une espèce de vision globalo-mondialiste à l'altercomprenance naïve, la presse franchouille va - bizarrement ? - repartir dans son anti-américanisme douillet d'avant juin/juillet 2008, période à laquelle les socialistes français de droite et de gauche se découvraient tous des affinités grandissantes avec le sémillant quinqua noir américain.
Obama : un futur plein ... d'avenir
Non, décidément, si 2008 fut une année emblématique où nous aurons "découvert" que la mondialisation des échanges et la rapidité de diffusion de l'information pouvaient aussi signifier "crise mondiale et rapide", nous aurons certainement la joie de découvrir que la réalité dépasse comme d'habitude la fiction avec une année 2009 qui sera très inventive. J'espère d'ailleurs m'en montrer digne.
A titre personnel, je souhaite à tous mes lecteurs réguliers une très bonne année 2009. Qu'elle vous apporte ce que vous désirez le plus pour vous et vos proches. Vous en aurez besoin (de vos proches).
Meilleurs vœux !
Et maintenant, champagne.