Courses de Noël

Par Rose

Ce matin de Noël-là, je reçus de quoi monter un premier magasin, fruits et légumes en plastique de couleur vive, fausses boîtes de conserves ou de biscuits, peut-être même petit panier pour le client et caisse enregistreuse, mais surtout, surtout, une balance pour peser mon bonheur. Pas une balance Robertval avec des poids pour équilibrer les marchandises ; une balance comme on en voyait dans les magasins avec un grand plateau et une aiguille qui indiquait la masse achetée.
Elle reçut le coffret de la parfaite ménagère ; plumeau vite déplumé, petit balai dont nous nous servirions longtemps pour ramasser du verre brisé ou traquer les moustiques sur les murs avant d’aller nous coucher, peut-être même seau et chiffon pour parfaire l’illusion.
Mais rien qui put contrebalancer l’attrait de cette balance si moderne. Nous jouâmes. Moi à la caisse, elle cliente. Une dispute, sans doute, entre la ménagère et moi ; on en vient aux mains en plein magasin et la voilà malencontreusement projetée sur le plateau de la balance, pas programmée pour semblables empoignades, qui rendit l’âme avant même d’avoir servi.
Aujourd’hui je tourne les pages des catalogues de jouets, où règne la même quête éperdue de modernité.



La bouilloire à faire chauffer l’eau de vaisselle me fait particulièrement sourire.  Tourniquettes à faire la vinaigrette et ratatine-ordures n'ont qu'à bien se tenir.