Adae, au coeur du roman altermondialiste

Publié le 30 décembre 2008 par Ecosapiens

Ca fait partie des joies d’eco-SAPIENS… nous recevons parfois des cadeaux d’inconnus qui souhaitent nous faire partager leurs initiatives. Il y a un mois, nous avons reçu un livre à la couverture bien intrigante…

De la SF utopiste, avec une couverture pour le moins kabbalistique qui laisse penser qu’on va lire une histoire d’extra-terrestres! La préface de l’éditeur parle d’un roman d’anticipation qui inaugure la collection ProjeXion-SF.

La première fois que j’ai eu le livre dans les mains, j’avoue donc avoir été un peu déboussolé. Plus jeune, je lisais beaucoup de SF, surtout Asimov et son cycle Fondation, et presque tout Philip K. Dick qu’on m’offrait en étant sûr de faire plaisir. Mais ça devait bien faire 10 ans que j’avais déserté la SF.

Question anticipation, j’avais justement fini les grands romans “dystopiques” (1984 de Orwell, Le Meilleur des Mondes de Huxley).

Avec Adae, première page, on tombe sur 4 symboles ésotériques, des cercles et des points, puis une sorte de dictionnaire, puis un prologue qui commence ainsi:
La colère. Chante, destin, chante la colère qui s’empare de moi“.

Imaginez donc la stupeur qui s’emparait de moi alors que je venais juste de m’engager à le lire pour donner mon avis…
Mais il ne fallait pas se fier à la couverture ! Adae mérite une place dans la bibliothèque du XXI ème siècle!

Adae, un livre de SF ? Assurément. L’histoire pourrait se situer aujourd’hui même. Le point de départ est une découverte archéologique au Soudan. Des inscriptions indéchiffrables qui pourraient apporter à l’humanité un message universel d’espoir… Sinon, l’aventure prend pied dans le monde d’aujourd’hui.

Adae, un livre d’anticipation ? Là c’est moins sûr. Le clivage entre ceux pour qui la mondialisation est “heureuse” et ceux qui la combattent parce qu’elle est inhumaine. De nombreux personnages sont de doux utopistes: un gérant de coopérative au Moyen-Orient, un directeur d’une revue écologiste, des désobéissants volontaires d’Australie, un représentant du micro-crédit et du commerce équitable invité à l’OMC (on peut rêver !) Face à eux des archéologues égocentriques, des mercenaires et des patrons orgueilleux.

Un livre drôle ?

Quant au héros, Paul, il est plutôt une sorte de anti-héros que l’on suit sur une voie initiatique. Vaguement sensible aux revendications sociales, écologiques et altermondialistes, il rate toujours ses rendez-vous avec l’Histoire. Les passages fourmillent d’ironie (on trouve une journaliste nommée Odile Deray comme dans le film La cité de la peur) et les soixante définitions qui parsèment le roman sont toujours croustillantes. Le comble: on trouve une règle du jeu du dictionnaire en plein milieu du livre.

Un roman altermondialiste ?

Voilà une étiquette certes réductrice mais qui correspond assez bien à l’ouvrage. Car les idées sur l’écologie, l’anti-capitalisme, l’argent, la biodiversité, le respect des cultures, tout cela est fort bien exposé par les personnages. L’intrigue et l’action nous portent avec légèreté au coeur des questions que tout le monde se posent ? Pourquoi le monde est-il ainsi ? Qu’est-ce qui bloque chez l’être humain, qui fait qu’il est plus dans la prédation, la compétition plutôt que l’entraide et la coopération?

Des questions difficiles et qui peuvent lasser ceux qui d’habitude préfèrent répondre “c’est comme ça, on ne peut rien y faire“. Mais c’est justement à eux qu’il faut faire lire Adae !

En conclusion, Adae, écrit par Bertrand Bouton et Xavier Daniel, est un livre qui est à l’opposé du livre qu’auraient pu écrire Xavier Bertrand et Daniel Bouton…

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