Le premier pour faire soigner ses dents, le deuxième au moment où il a dépassé la cinquantaine et a commencé à avoir le palpitant qui valdinguait et le troisième au moment où il a commencé à faire des séjours répétitif à l’hosto et que, malgré la soi-disant prise en compte à 100%, les frais annexes sont désolants.
Si on met de côté ceux qui n’ont pas du tout les moyens d’avoir une mutuelle et qui peuvent donc crever dans d’atroces souffrances et ceux qui sont à CMU, on peut donc trouver trois catégories de Français : ceux qui ont une mutuelle imposée, ceux qui prennent une mutuelle par nécessité et ceux qui ne veulent pas dépenser des sous dans une mutuelle (40 euros, ce n’est pas dérisoire).
Notre conclusion était que nos trois camarades qui sont passés de la dernière catégorie à la précédente au moment où ils en ont eu besoin pourraient être qualifiés de fumiers puisqu’ils n’ont pas cotisé pendant des années.
Mais, tout bien réfléchi, ils ont raison : individuellement ils auraient tort de dépenser du pognon pour rien. Je sens mes lecteurs libéraux applaudir à ce stade du billet, puisque leurs principes d’assurance santé reposent sur le volontariat, la libre cotisation, …
Il n’empêche que le système actuel tient à peu près parce que des complémentaires sont imposées par « des entreprises » (conventions, …) ce qui fait que les « mutuelles » (et assurances privées) sont alimentées par un tas de gens ce qui permet aux gens qui n’ont jamais cotisé de toucher plus qu’ils ne payent une fois qu’ils se décident !
Je résume : c’est au moment où les zozos s’apprêtent à dépenser 100, 200 ou 500 euros par mois qu’ils condescendent à payer 30, 40 ou 50 euros par mois pour se les faire rembourser.
Les agents d’assurance pourraient ronchonner mais ils sont payés à commission sur les produits vendus et ferment les yeux au moment de la signature des contrats…
Surtout, on pourrait se dire que les compagnies d’assurance pourraient refuser d’assurer des clients non rentables à ce point puisque pour chaque contrat souscrit par un type dépassant un certain âge, ils sont à peu près sûr qu’ils vont commencer à perdre une fortune.
Mais, s’ils refusaient, ils passeraient pour des gros méchants et nos braves pouvoir publics seraient obligés de faire quelque chose, c'est-à-dire, pour résumer : soigner les vieux sur la solidarité nationale, ce qui reviendrait à renforcer la sécurité sociale, en augmentant les cotisations obligatoires (ou impôts, ce qui revient au même). Finalement les assurés normaux – comme vous et moi : la prise de l’assurance est presque dans le contrat de travail – n’auraient plus besoin de s’assurer et les compagnies s’assurance perdraient leurs sources principales de revenus…
Ainsi, les cotisants normaux payent légèrement plus cher pour payer la santé de ceux qui toute leur vie de travailleur ont refusé de cotiser.
J’aurai une tendance naturelle à vouloir leur donner des baffes mais mon fond de gentillesse leur accorde une absolution : c’est le système qui est comme ça.
C’est donc le système qu’il faudrait changer en rendant obligatoire les cotisations pour les complémentaires… mais, ainsi, elles ne seraient plus complémentaires mais obligatoires. En fait, ça reviendrait à renforcer la sécurité sociale ou les assurances vraiment mutuelles au détriment des multinationales de l’assurance, tous ces machins côtés en bourse.
Donc tout le monde ferme sa gueule.
Nos amis libéraux sifflotent discrètement en l’air quand on leur demande comment payer la santé des vieux (pardon : des gens en mauvaise santé) quand les jeunes (pardon : les types en bonne santé) ne payent pas pour eux…
En fait, chaque transfert de charge de la sécu vers les complémentaires (comme les « déremboursements ») vient renforcer le système bancal en question au détriment de la sécurité sociale.
Par la taxe dénoncée par Elmone, le gouvernement fait un beau coup : il communique sur le fait que le privé paye le public alors que c’est tout le contraire qui est mis en œuvre : ce sont les cotisants du privé qui payent pour assurer les charges de ceux qui ne veulent pas cotiser, renforçant ainsi les assurances privées et participant ainsi à la destruction de la sécurité sociale.
Ca vous parait tordu ? C’est normal ! Il vous reste un réveillon à passer.
Je résume : avec cette taxe sur les assurances privées, ça n’est plus la production de richesse (par l’intermédiaire du travail pour la sécu et des revenus pour la CSG) qui paye la sécu mais « la consommation » (d’assurances), au détriment de tout principe de solidarité.
Et ce sont des organismes privés qui s’engraissent sur le dos de notre santé.
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