CE N'EST PAS MA FAUTE
Astrocochon ayant la réputation d’un magazine sérieux et sachant trouver les infos là où personne ne songerait à les chercher, la rédaction a le plaisir de vous faire part d’une lettre un peu particulière. Une femme de notre connaissance s’étant empêtrée dans une affaire dont elle n’arrivait pas à sortir la tête haute, elle finit par écrire une lettre qui sentait un peu sa Merteuil en ce qui concerne le style et l’inspiration, mais franchement, cela changeait de ses manières de grenadier de la garde. Voici cette lettre, destinée à l’Opinion Publique, après la triste affaire du manque de place dans les hôpitaux :
« On finit toujours par mourir un jour, mon ange, c’est une loi de la nature ; ce n’est pas ma faute.
« Si donc il est mort avant d’avoir trouvé une place, ce n’est pas ma faute.
« Si, par exemple, j’ai eu juste assez d’humanité dans mon emploi que vous d’intelligence pour élire qui vous savez, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un soit aussi peu efficace que l’autre ; ce n’est pas ma faute.
« Il suit de là que depuis quelques temps, je vous ai entubés : mais aussi, c’est que votre impitoyable passivité m’y forçait en quelque sorte ; ce n’est pas ma faute.
« Aujourd’hui, les impératifs économiques exigent que je les sacrifie, lui et le service public ; ce n’est pas ma faute.
« Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n’a accordé au peuple que le don de gémir, tandis qu’elle donnait aux hommes politiques celui d’agir, ce n’est pas ma faute.
« Croyez-moi, faites taire votre conscience comme je fais taire la mienne. Ce conseil est bon, très bon. Si vous le trouvez mauvais, ce n’est pas ma faute.
« A bientôt chers amis ; j’ai été nommée ministre avec plaisir et je le reste sans regret. Je réduirai peut-être encore les dépenses de santé publique. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute. »
Rosie la Terreur.