Et la nouvelle année commence !
Loin des chaos de Gaza, et des apprentis sorciers de la finance, c’est en revenant vers mon enfance, et mes premières lectures que j’ai envie de la commencer avec vous, me rappelant les délices du soir quand j’apprenais à comprendre le monde dans les romans d’Asimov.
L’hiver se prête à la science-fiction, et que ses temps soient éloignés, quand il s’agit d’un romanesque du milieu du siècle passé, il y a une étrange proximité : le monde des robots est déjà le notre, cette société des objets dont un Latour se fait le penseur, en leur redonnant à juste titre un rôle dans l’analyse des interactions sociales, mais dont je pense qu’un Asimov a pensé bien plus profond la nécessité qu’une société se construit moins par l’enrôlement, le pouvoir, que par la règle et le droit, une règle et un droit qui s’applique tout aussi bien aux hommes qu’à ses objets.
Les robots d’Asimov sont aujourd’hui parmi nous, des instruments qui acquièrent dans leur contexte d’usage et d’abandon, une autonomie d’action qui ne requiert aucune intention, et participe à notre vie comme nous participons à la leur. Il fallait une règle dans cette société, ce sont les Trois Lois de la Robotique (Manuel de la robotique 58è édition - 2058 après JC)
Première Loi : Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu'un humain soit blessé.
·Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.
·Troisième Loi : Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu'une telle protection n'est pas en contradiction avec la Première et/ou la Deuxième Loi.
Au-delà de ce jeu d’axiomatique juridique,c’est la question du lien social et de ses médiatisations que pose Asimov comme le discute Philippe Breton dans un commentaire du roman « Face aux feux du soleil ».
Il n’a pas été le premier, ni le seul romancier à penser le rapport de l’homme à la machine, généralement pensé comme un rapport de pouvoir et donc de révolte, rappelez-vous l’Odyssée de l’espace . On ne peut naturellement oublier Philip K Dick, et les androides rêvent-ils de moutons ( 1968).On ira volontiers lire de Dantec Babylone Babies (2001), pour un rapport plus organique avec la machine qu’un Existenz de Cronenberg radicalise dans un monde où les robots sont des jeux vidéo. Et nous pourrions développer encore très longuement cette littérature de l'homme et de la machine.
Ces quelques rappels suffisent pour nous donner une direction pour cette année nouvelle : penser l’interaction homme/machine est désormais plus un problème de sociologie que d’ergonomie. Nous entrons dans la société des robots…N’est-ce pas un signe que l’OS mobile de Google soit nommé Android ?
En attendant, ne me reste pour cette année qu'à vous souhaiter une année heureuse, épargnée des tourments du monde, à vous tous, femmes, hommes, androides et autres robots.