Quand Jean Ziegler ne CRAN plus

Je n’ai jamais ouvert un bouquin de cette vieille couenne stalinienne de Jean Ziegler. Il n’empêche que je ne suis jamais parvenu non plus à mépriser totalement le personnage. C’est que le gaillard est encore de la vieille école, il ne cache pas son jeu, il a des tripes et on sent qu’il a regretté toute sa vie de ne pas être né quarante ans plus tôt.
Le titre de son dernier bouquin, la haine de l’Occident m’a déjà étonné car il énonce à lui seul une évidente vérité, celle que, entre autres exemples, les 2'500 Africains qui ont débarqué ces derniers jours à Lampedusa ne viennent  pas en amis. Le reste du bouquin doit d’ailleurs toucher juste vu que l’ouvrage déclenché les foudres du très amusant CRAN (Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-noir) qui estime que le livre du sociologue genevois « est une véritable incitation insidieuse à la haine raciale » car il «  stigmatise des hauts faits de l’histoire des Noirs » (on se demande bien lesquels d’ailleurs…)
Voilà donc notre Jean Ziegler national accusé de racisme. Le bougre en est tout étonné et se défend plutôt maladroitement dans les colonnes du Matin; un manque d’habitude sans doute tant il est vrai qu’il doit être  difficile de passer soudain du rôle de procureur à celui d’accusé. On trouve toujours plus communiste ou antiraciste que soi pourrait être la morale de cette histoire.