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RIRE OU MOURIR, IL FAUT CHOISIR - Rue du Theatre - Critique Julien WAGNER

Publié le 29 décembre 2008 par Rosabelle
RIRE OU MOURIR, IL FAUT CHOISIR Il paraît qu'on va tous mourir et que ça n'arrive pas qu'aux autres. Une rumeur qui a tendance à se vérifier autour de soi. Alors, puisque c'est inéluctable, quoi de mieux que fêter ça au théâtre, en compagnie de joyeux lurons prêts à transgresser tous les tabous ?
Ca commence par une chanson grivoise débitée par une chanteuse impassible qui va subir un mauvais quart d'heure et ça finit par un enterrement pour le moins inoubliable. Du berceau au caveau, comme dans « Le Sens de la vie » des Monty Python dont certaines saynètes semblent s'inspirer, les six protagonistes, trois garçons, trois filles, promettent un moment hors du temps et bourré d'un humour corrosif. De prime abord, on peut craindre le côté succession de sketches avec pour seul fil conducteur cette idée de la mort qui plane. En général, ce genre de spectacle ne tient pas la route, s'essouffle, s'étire, surtout quand il dure près de deux heures et qu'il commence fort. Car les premières scènes sont tout simplement irrésistibles... Notamment grâce à une mémorable parodie des émissions télévisées enfantines à base de ventriloque et de marionnette chargée de répandre le bonheur. Sauf que... Monsieur Pipo, la marionnette en question, est plutôt polissonne et bourrée de mauvaises intentions. A coups de répliques bien senties, elle dézingue les enfants handicapés, les personnes âgées, les ratons-laveurs et... la ventriloque qui finira étranglée par son Pipo devenu incontrôlable et qu'on retrouvera lors d'une autre séquence hilarante.
La mort leur va si bien...
Bien sûr, les sketches ne sont pas tous de la même volée. Mais les baisses de régime sont si peu nombreuses et durent si peu longtemps, qu'elles sont à peine perceptibles. Et le spectacle de continuer à travers des danses ridicules et hystériques, Franck Sinatra, un polar des années 50, une petite fille adepte du Burkina Faso et dont la mère est transformée en donneuse d'organes par un chirurgien cynique... Tout y passe et trépasse. Jusqu'au clou du spectacle, bourré de dynamite : Guignol, Gnafron et le gendarme enquêtent sur une impératrice chinoise qui a dérobé les bottes velues de Dick Rivière. Ainsi annoncé, cela peut sembler banal. Mais il faudrait rajouter que Guignol est violent et membre du Ku Klux Klan, que Gnafron est alcoolique et le gendarme, complètement stupide. Et que ça se termine en charpie pour le moins foutraque... Outre des textes ciselés, une mise en scène au couteau (dans tous les sens du terme), c'est la cohésion des comédiens qui emporte l'adhésion. Aucun ne tire la couverture à soi (même s'il est à souligner la performance vocale et physique de Nicolas de Canteloube alias Mister Pipo et Rosabelle Forzy alias Gnafron, entre autres), on sent le groupe soudé, qu'il s'amuse et s'investit de toutes ses tripes. Et heureusement que l'on ne meurt pas de rire durant cet ovni théâtral : on n'aurait hélas pas l'occasion d'y retourner.
Julien WAGNER (Paris)

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