Réfugié en Israël depuis cinq ans, un Moldave vient d’être condamné pour proxénétisme aggravé par le tribunal de Limoges. Pensant que la justice l’avait oublié, il s’était déplacé en Hongrie en octobre dernier où le mandat d’arrêt international délivré contre lui a pu être exécuté.
Coulant des jours heureux en Israël où il dirigeait une agence de publicité, Oleg Vikhrov, un Moldave de 38 ans, pensait avoir définitivement échappé à la justice française. En août 2002, lorsque les policiers de Limoges décident d’arrêter les responsables d’un réseau de prostitution international qui s’était, petit à petit, installé dans la capitale limousine, Oleg avait déjà pris la poudre d’escampette.
Lors des interrogatoires, ses complices, tout autant que les filles qu’il avait mises sur le trottoir, n’ont pourtant pas tardé à donner le nom du chef de ce réseau. Oleg Vikhrov surveillait les opérations de l’embarquement des filles dans le bus jusqu’à leur descente dans une station-service près de Narbonne. « Oleg et Igor nous attendaient à bord d’une 205 rouge. Ils nous ont emmenées à Limoges », a expliqué l’une des prostituées. Arrêté en Hongrie en octobre, Oleg a comparu devant le tribunal correctionnel de Limoges la semaine dernière.
L’occasion de rouvrir le dossier de cette filière mafieuse qui organisait la prostitution en France, notamment à Limoges, « ville réputée pour sa tolérance envers les prostituées », comme l’a souligné le ministère public.
« Emplacements de travail »
Pour quitter leur pays à destination de l’eldorado français, les filles devaient payer 5.000 dollars. « Nous devions rembourser cette somme une fois en France et verser, en plus, une partie de nos revenus », a précisé l’une des prostituées. C’est Oleg qui s’occupait de tout. Il installait les filles dans une chambre voisine de la sienne, dans un hôtel situé près du Champ-de-Juillet, un parc proche de la gare de Limoges-Bénédictins où Oleg trouvait même les emplacements de travail de ses filles et réglait les éventuels différends. C’est aussi lui qui fournissait les faux passeports roumains et qui accompagnait les filles à la maison des droits de l’homme et à la préfecture en vue de leur régularisation. « Il nous promettait un emploi de serveuse, mais il nous faisait comprendre que nous pourrions parfois monter avec un client », a déclaré l’une des filles.
Mauvais concours de circonstances
Dans son box, Oleg nie tout ou prétend ne pas se souvenir de faits plus précis lorsqu’ils lui sont opposés par la présidente. Il savait que ces filles se prostituaient, mais il n’a rien organisé. « C’est un mauvais concours de circonstances », lance-t-il, avant d’ajouter à propos des chefs qui lui ont demandé d’aller à Limoges pour installer les filles : « Je ne pouvais pas me permettre de leur dire non, ce sont des gens sérieux, on ne peut rien leur refuser. »
Le dossier de l’accusation prouve qu’Oleg a reçu de nombreux mandats et les nombreuses surveillances policières ont confirmé les déclarations des prostituées qui déposaient l’argent dans des paquets de cigarettes vides, abandonnés aux endroits convenus quelques minutes avant qu’Oleg ne les récupère discrètement. Le substitut du procureur ne veut d’ailleurs pas croire qu’Oleg « n’était au courant de rien ». Avant de réclamer sept ans de prison ferme, peine à laquelle Oleg avait été condamné par contumace en avril 2003 par ce même tribunal.
Son avocat a eu beau plaider que l’accusation « a voulu faire endosser à Oleg un manteau bien trop gros pour lui », le tribunal a décidé qu’il resterait en prison pour les cinq prochaines années. A sa sortie, il lui sera interdit de revenir en France durant cinq autres années. Quant à ses victimes, elles sont sorties de la rue et essayent de reconstruire leur vie dans d’autres carrières.
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