Il y a des expressions, certes parfois un peu étranges, dont on se moque bien de l'origine, tellement les mots parlent d'eux-mêmes. Par exemple, "avoir des fourmis dans les jambes". Car si jamais personne n'a vu la moindre fourmi dans ses guiboles, le seul effet d'engourdissement suffit à expliquer l'expression.
Il en est d'autres en revanche, qui sont un peu moins flagrantes. Heureusement, la vilaine société dans laquelle nous vivons se charge de nous apprendre la vie un peu plus chaque jour, et c'est ainsi que j'ai découvert à mes frais, samedi soir, pourquoi, et surtout dans quelles circonstances, on peut dire "ne pas avoir froid aux yeux".
Alors que je rentrais tranquillement chez moi, à 1H30 du matin, j'aperçois sur le célèbre rond point des vaches, un homme qui fait de grands gestes pour demander de l'aide. En parfait saint Bernard Bécile, je m'approche pour m'enquérir de son problème et l'aider.
Le jeune homme, qui a manifestement très froid, m'explique qu'il est en panne de batterie de l'autre coté du rond point et qu'il attend là depuis une demie heure. Equipé pour l'aider, je rejoins donc son véhicule avec le mien, pendant que lui fait le tour du rond point, à pied, dans l'autre sens.
Arrivé le premier, je descends de ma voiture, et pour ne pas perdre de temps, je sors de mon coffre les câbles nécessaires au dépannage. Mais revenant vers l'avant de mon véhicule, j'aperçois un homme descendre de l'autre voiture, une énorme bouteille blanche à la main.
Avant que je ne comprenne que je venais de tomber dans un piège destiné à me voler ma voiture, le type m'aspergea de gaz lacrymogène au visage ; heureusement, ma portière était restée ouverte et j'ai eu le temps de remonter dans ma voiture et de m'enfermer dedans.
Les deux compères, qui n'avaient décidément pas froids au yeux pour monter un traquenard pareil alors que la température extérieure était de moins six degrés, se sont rués sur mon véhicule, essayant de m'en faire sortir avant de finalement prendre la fuite.
Brûlé aux yeux et au visage, j'ai du faire un passage par les urgences pour ne pas devenir aveugle, car évidemment, les secours, appelés depuis mon portable, ne pouvaient se rendre immédiatement sur les lieux.
Maintenant que ça va mieux, si j'ai découvert avec cette mésaventure pourquoi on dit que certaines situations "sentent le gaz", je dois encore profiter de ma convalescence forcée pour réfléchir à l'origine de l'expression, "Rendez service, on vous le rendra", parce que là, franchement, j'ai beau chercher, je ne vois pas. A cause du gaz, sans doute.