6 Milliards d'Autres de Yann Athus-Bertrand

Par Grandlivredumois

En 5000 interviews, 500 photos, 4 ans de reportages, Yann Athus-Bertrand nous raconte les citoyens du monde
Evacués en août 1914, les Piquart - Eugène, Sidonie et leurs cinq enfants - rentrent en 1919 dans leur Lorraine bien-aimée. Ils découvrent l'ampleur des dégâts : la région de Verdun a beaucoup souffert. Par chance, leur maison a été épargnée. Commencent alors les années de reconstruction et se poursuit pour les petites gens le temps des sacrifices.

Rosalie, la fille aînée de quatorze ans, en comprend toute la signification le jour où son rêve de devenir institutrice se brise contre le réel : sa mère décède et l'adolescente est désignée par son père pour s'occuper du foyer... A partir de l'histoire simple et touchante d'une famille, d'un village (Clercy), l'auteur recrée par petites touches l'atmosphère si particulière de l'entre-deux-guerres.

Questions à Yann Arthus-Bertrand

1 – Comment vous est venue l’idée de cet ambitieux projet, centré sur l’homme et non plus sur les lieux qu’il habite ?
C’est vraiment la suite naturelle de mon travail de la Terre vue du Ciel. Justement après après survolé tous ces lieux habités par des hommes, il me manquait d’entendre leurs paroles. Quand je survolais tous ces paysages et j’avais envie à chaque fois de me rapprocher de ceux que je voyais. J’essayais d’imaginer qui ils étaient, comment ils vivaient.. Et je voyais cette terre que tous nous partageons, et pourtant toutes les divisions et les conflits que nous n’arrivons pas à éviter. J’ai eu envie d’essayer d’aller comprendre, d’écouter au moins, de rencontrer.

2 - Comment avez-vous orchestré ces 5000 interviews et prises de vue ?
J’ai continué mon travail de photos aériennes car c’est un engagement très fort, je ne pouvais moi-même faire les tournages. Alors nous avons monté une équipe pour le projet 6 milliards d’Autres. Baptiste (Rouget Luchaire) et Sibylle (d’Orgeval) ont débuté le projet : nous avons réfléchi ensemble aux questions à poser, à la façon de filmer, la manière de rencontrer les gens. La démarche était simple et naturelle. Quand j’ai vu les premières images tournées au tout début, j’ai senti qu’on était dans le vrai, on touchait à cette sincérité, cette simplicité que je recherchais. Et j’avais envie d’en voir plus !
La richesse du projet tient en la rencontre de milliers de gens, avec des expériences de vie les plus diverses. C’est pourquoi les tournages ont duré plus de 4 ans avec 6 reporters !
6 milliards d’Autres est devenu le projet de toute une équipe : production, tournage, montage, le travail n’est pas uniquement le fait de filmer ces témoignages, il fallait gérer ces milliers d’heures filmés, monter les films, organiser l’exposition...!

3 – Que vous a apporté cette expérience : des surprises ? La diversité des rencontres vous a-t-elle enrichie ?…
Je dirais que je n’ai pas été surpris par l’esprit de ce qui ressort de tous ces témoignages, ce sentiment d’humanité très forte, cette proximité malgré les conflits et les distances.. je crois en l’homme, j’ai retrouvé un peu de moi dans tellement d’interviews! Ce qui m’a surpris c’est à quel point j’ai été ému et le nombre de fois où j’ai vraiment pleuré en écoutant ces paroles.

4 – De quel peuple vous sentez-vous le plus proche ?
Plus je regarde ce projet, plus j’aime me sentir proche de gens d’origines les plus variées, en écoutant ces paroles, on se sent faire partie de la même famille.
Je trouve merveilleux cette capacité de communiquer, on l’utilise parfois à bien mauvais escient. C’est une belle aventure de vouloir se rencontrer et d’essayer de vivre ensemble. Ca donne tout son sens à la vie !