Quand j’ai eu la chance d’avoir mon cheval, mon premier vrai cheval, il ya 6 mois (non pas que l’autre était un faux, mais je ne l’avais pas dressé moi-même et il était plus mon outil de travail que mon dadou). Il avait tout juste trois ans, débourré attelé mais pas monté. Après avoir passé la période des présentations, de la mise en confiance mutuelle, j’ai eu envie de me suicider d’un point de vue équestre, oui, j’ai décidé que mon cheval n’aurait pas de mors en bouche.
Je parle de suicide car c’est exactement ce que j’ai lu dans les yeux de toutes les personnes à qui je l’ai annoncé et je ne parle même pas de la pension dans laquelle j’ai mis mon cheval, ils m’ont pris pour une abrutie de bobo, une débile profonde totalement irresponsable qui n’y connait rien et qui va se planter mais surtout, va planter son cheval.
Pourquoi j’ai choisi le sans-mors ? C’est difficile à expliquer, j’ai déjà essayé de le faire mais sans grand succès. Je vais réessayer, peut-être que vous y comprendrez quelque chose. Tout d’abord, je suis horrifiée par la vue des chevaux têtes en l’air ou encapuchonnés qui essaient de fuir le mors, mais cela n’est pas la faute du mors, mais bien celle de la main du cavalier. Ensuite, le métal, je n’aime pas ça, je trouve ça violent que ce soit dans la bouche ou sous les pieds. Je ne peux m’empêcher de frémir quand je vois les chevaux au pré ferrés des postérieurs. Et pour finir, je suis absolument convaincue qu’en dressant bien le cheval, on obtiendra d’aussi bonnes réactions qu’avec un mors. En dernier lieu, ça me correspond et ma façon de monter n’a rien à gagner avec un mors.
Il y a peu, la monitrice de ma fille m’a vu revenir de ballade avec le superbe et très difficile à trouver Side-pull du salon. Depuis le début, elle a toujours été contre mes méthodes, je lui ai proposé de monter mon cheval en carrière pour se faire une idée de l’avancement de son dressage. J’avoue que même moi, Rien de Grave m’a bluffé, il a été parfait, a répondu aux commandes vocales sans délai et elle a fait toute sa séance avec un cheval placé, aux ordres, avec de l’impulsion et sans mors.
Elle me l’a rendue avec un grand sourire aux lèvres et en me disant « tu as eu de la chance qu’il soit aussi gentil ton cheval mais si un jour tu sors avec nous, tu devras lui mettre un mors ».
Quel paradoxe, mon cheval est très bien dressé sans mors, mais il faudrait que je lui en mette un pour rassurer les autres ! C’est pas grave, j’ai appris à chanter puisque nous sortons seuls et ça à l’air de lui plaire à mon cheval car il ne sait pas que je chante faux alors, nous resterons seuls.
Franchement, ais-je eu tort de lui faire confiance à ce cheval ?