Un palestinien tient le corps d’un policier à Gaza, tandis que d’autres cherchent des survivants devant le quartier général de la police du Hamas, après une attaque aérienne. Israël a lancé samedi une opération de représailles aux rockets tirées par le Hamas depuis la bande de Gaza. © AFP/MOHAMMED ABED
GAZA (AFP) - Israël a poursuivi dimanche ses raids aériens à Gaza, qui ont fait plus de 280 morts, et donné son feu vert à la mobilisation de milliers de réservistes en vue d’une éventuelle offensive terrestre.
Un enfant palestinien blessé par une frappe aérienne israélienne arrive à l’hôpital de Gaza, le 28 décembre 2008
L’opération dite “plomb durci”, d’une violence jamais vue depuis l’ocupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, vise selon l’Etat hébreu à mettre fin aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, sur les localités du sud du pays.
Les attaques, déclenchées samedi, ont fait 287 morts, en majorité des policiers du Hamas, et plus de 600 blessés, selon un nouveau bilan des services d’urgence palestiniens.
Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum a accusé Israël de “commettre un holocauste au vu et au su du monde entier, qui n’a pas bougé le petit doigt”.
Il a affirmé à la presse que “la résistance palestinienne se réserve le droit de riposter à cette agression par des opération de martyre”, c’est-à-dire des opérations suicide.
Dans l’après-midi, l’aviation israélienne a mené une série de raids contre des tunnels de contrebande dans le secteur de Rafah à la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte, d’après des témoins.
Ces raids ont fait deux morts et 22 blessés, selon des sources médicales.
Une porte-parole de l’armée, Avital Leibovitz, a affirmé que “40 tunnels” avaient été visés. Les tunnels permettent au Hamas d’introduire des armes dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien.
Entre-temps, une vingtaine de roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza dans le sud d’Israel sans faire de victimes. L’une d’elles, de type Grad, a atteint pour la première fois Gan Yavné près du port d’Ashdod, à plus de trente kilomètres de Gaza, selon les secours israéliens.
Laissant planer la menace d’une offensive terrestre à Gaza, Israël a décidé de mobiliser 6.500 réservistes, a annoncé un haut responsable à l’issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
A la mi-journée, Israël a commencé à masser des chars et des troupes à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l’AFP.
Plusieurs raids ont été signalés dimanche dans le territoire palestinien contrôlé par le Hamas.
L’une des frappes à détruit le “Saraya”, un complexe abritant la principale prison de Gaza et un quartier général des services de sécurité du Hamas, faisant quatre morts.
Le bâtiment du “Conseil des ministres” du Hamas à Gaza également été frappé.
Les magasins et écoles sont restés fermés en signe de deuil dans la plupart des villes du territoire, où des milliers de personnes ont participé aux funérailles des victimes de la veille, aux cris de: “Mort à Israël, mort à l’Amérique!”.
Une grève des commerces était également observée en Cisjordanie, à Jérusalem-est et dans les villes arabes d’Israël. Des manifestations de soutien à Gaza ont eu lieu en Cisjordanie, l’une d’elles a été dispersée par la police palestinienne à Hébron.
Un Palestinien a été tué par des tirs israéliens lors d’une autre manifestation.
Des manifestations se sont aussi déroulées dans le monde arabe notamment au Caire, à Beyrouth, Sanaa, Dubaï et Damas.
“Tsahal (l’armée israélienne : ndlr) élargira et approfondira ses opérations à Gaza autant que nécessaire”, a averti le ministre israélien de la Défense Ehud Barak.
“Nous devons savoir que cela ne sera pas de courte durée et cela ne sera pas facile, mais nous devons faire preuve de détermination”, a-t-il ajouté.
A l’ONU, le Conseil de sécurité a appelé - dans une déclaration non contraignante - à “l’arrêt immédiat” de toutes violences et activités militaires, à l’issue d’une réunion urgente.
Au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a affirmé à l’issue d’un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas que l’Egypte tentait négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui pourrait être suivi d’une nouvelle trêve comme celle qui avait expiré le 19 décembre après avoir été tant bien que mal respectée six mois durant.
Selon l’armée israélienne, environ 230 cibles du Hamas ont été visées ces dernières 24 heures à Gaza. Un porte-parole du gouvernement israélien a affirmé que “97%” des victimes des raids appartenaient au Hamas.
Le pape Benoît XVI a condamné les violences, demandant un “sursaut d’humanisme et de sagesse de la part de tous ceux qui ont une quelconque responsabilité dans cette situation”.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a demandé à son homologue israélienne Tzipi Livni l’”arrêt urgent” des opérations militaires à Gaza, selon Moscou.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a également appelé à un “arrêt immédiat de toute les violences” à Gaza.
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