Hier à 11h30, Israël a déclanché l'opération "Plomb durci" dans la bande de Gaza dont l'objectif est de réduire à néant les capacités militaires du Hamas palestinien.
Cette opération aérienne qui se poursuit aujourd'hui et se transformera peut-être demain en opération terrestre a déjà fait plus de deux cents victimes et provoqué de grandes colères à travers le monde.
Alors que nous célébrons aujourd'hui la mémoire des Saints Innocents massacrés par un roi Hérode démoniaque qui pensait ainsi liquider l'enfant Jésus, beaucoup pleurent les innocents gazaouites morts sous les bombardements.
Mais le Proche-Orient, carrefour spirituel d'un monde complexe, mérite que nous allions au-delà d'une analyse manichéenne du fort contre le faible, du méchant contre l'innocent, de l'opresseur contre l'oprimé.
Si nous acceptons le droit d'Israël à exister, nous devons accepter son droit à se défendre.
Si nous acceptons le droit d'Israël à exister, nous devons condamner vaillamment un Hamas qui joue des trèves et autres ruptures de trèves en fonction de ses besoins de réarmement.
Si nous acceptons le droit d'Israël à exister, nous devons lutter contre les discours haineux du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et nous inquiéter d'une alliance entre l'Iran chiite, le Hezbollah libanais chiite et le Hamas sunnite qui déstabiliserait la région entière.
Et si nous acceptons le droit de la Palestine à exister, nous devons pousser à la création d'un état viable, éclairé, redynamisé et cerné de frontières cohérentes.
Ce n'est certainement pas pour autant que nous devons soutenir une quelconque guerre. La guerre est une horreur qui porte atteinte à la vie. Seule la paix est nécessaire. Seule la paix est un chemin. Seule la paix est une espérance.
Mais dans nos grands discours, dans nos dîners entre amis, dans nos discussions de bureau, soyons parfois diplomates à notre niveau. A juste raison, Benoit XVI appelle à la "sagesse"; écoutons-le. Evitons les excès, comprennons les enjeux et oeuvrons pour la paix.
Comme un triste clin d'oeil, Samuel Huntington, l'auteur du Choc des Civilisations, a décidé de mourir le jour de l'opération "Plomb durci". Le jour où l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé les pays musulmans à punir Israël pour "ses crimes à Gaza." Le jour où semble se renforcer un inquiétant choc entre deux civilisations. Et pourtant...
Et pourtant, le conflit israélo-palestinien ne devrait pas être compris comme un conflit entre le monde occidental et le monde musulman. Ni d'ailleurs comme une lutte sauvage entre les lumières et l'obscurantisme. Ni même comme une guerre où il y aurait un gagnant et un perdant. Surtout pas.
Les cris des enfants israéliens et palestiniens, les pleurs de ces saints innocents, les larmes de ces anges du désert devraient s'entendre comme une envie d'existence. Un besoin de positionnement. Une peur humaine. Une difficulté à trouver sa place face à un autre qu'on ne connait pas, qu'on n'a pas choisi et qu'on n'aime pas.
Si Dieu nous demande d'aimer, il ne nous dit pas que c'est facile.