28 décembre 2008
Magnificat ou le Cantique de Marie. Pas besoin d’être le Che pour être révolutionnaire.
Lc 1, 46-56 "Marie rendit grâce au Seigneur en disant : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle."
Ce passage arrive au moment où Marie sachant sa cousine Elisabeth enceinte lui rend visite. Elisabeth vient de lui dire « Je te salue Marie, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi etc … » Si cela vous rappelle quelque chose c’est normal : c’est le début de notre prière de base « Je te salue Marie ». Ben oui c’est de là que ça vient.
Bref, Marie répond à sa cousine Elisabeth par ce merveilleux texte très poétique que l’on appelle Magnificat ou Cantique de Marie. Ce texte est une petite merveille de louange à Dieu.
Certes, l’on peut penser que Marie est très inspirée par l’Esprit Saint pour dire tout ceci plutôt que de répondre à sa cousine « oui ça va bien, merci. Moi aussi je suis enceinte ». Mais Marie (et à fortiori l’évangéliste Luc qui n’est pas né de la dernière pluie) connaît bien ses textes sacrés : la plupart de son cantique est du réchauffé de la Prière d’Anne (Livre de Samuel 2 1-11) et des psaumes 111 et 113. Cela n’en demeure pas magnifique pour autant : louer Dieu n’est jamais du réchauffé. Du à quelqu’un « merci » et « je t’aime » n’est jamais du réchauffé.
Si l’idée n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau ici, c’est que Marie est devenue la porteuse de l’espoir de tout un peuple. Ce que les Juifs attendaient depuis des siècles est prêt de d’accomplir. Et Marie a dit oui à Dieu pour faire partie de ce projet. Ce qu’elle célèbre ici c’est donc non seulement la confiance que Dieu a placé en elle, mais aussi le fait qu’elle, les générations passées et les générations futures font partie d’un même dessein divin : non seulement « Le puissant fit pour [elle] des merveilles », mais il participe à la vie de chacun d’entre nous.
Et c’est là que cela devient révolutionnaire. Comme quoi, pas la peine de se la jouer sur une moto à faire le tour de l’Amérique latine pour finir par aller massacrer du monde à Cuba pour être un révolutionnaire branché ! Ben oui, désolée mon petit Ernesto, mais Dieu a été révolutionnaire bien avant toi !! Qui propose de relever les petits ? Qui propose de donner à manger à ceux qui n’ont rien ?
Alors c’est vrai, je suis d’accord avec un fait : prier ne remplit pas la gamelle. Mais ce que veut dire Marie ici c’est que non seulement l’Amour de Dieu est révolutionnaire, mais que faire partie de ses troupes c’est le faire dans la simplicité. (Non, les cathos ne se baladent pas tous avec des bérets étoilés vissés sur le crâne en fumant des havanes).
Alors dans l’optique de ces quelques jours de blogs sans recette, j’ai envie de vous faire partager deux points :
- C’est l’Amour de Dieu qui nous fait avancer dans la vie et c’est cet amour qui va nous rendre pro-actifs pour, à notre manière et à notre mesure, dire stop aux inégalités sociales, dire stop à la pauvreté.
- Cet Amour de Dieu, ça se célèbre tous les jours. On a pas à être misérabilistes, à se dire que tout est foutu, mais à dire « merci » pour ce qu’on a, « merci »pour ces relations humaines, « merci » pour toutes ces magnifiques petites merveilles qui font aussi notre quotidien.