La nouvelle d’un « cadeau » russe au Liban en ce mois de décembre a de quoi inquiéter l’OTAN. En effet, l’annonce par Moscou du don de 30 chasseurs MiG-29 semble être avant tout une invitation faite à la FINUL de quitter le secteur. La Russie, qui se fonde sur la nécessité pour le Liban de disposer d’une force armée correctement équipée pour assurer sa sécurité, montre par cet acte fort son retour sur la scène diplomatique du Proche-Orient. De fait la mission de la FINUL pourrait se trouver compromise, voire annulée, car sous quel prétexte pourrait-on maintenir une force sensée assurer la sécurité d’un Etat alors que ce même Etat disposerait d’armements de seconde génération ?
Comprenant la manœuvre russe, les Américains ont dépêché sur place le vice-secrétaire d’Etat aux Affaires du Proche-Orient, David Hale, afin de promettre à l’Etat libanais l’envoi de chars M-60 pour équiper l’armée libanaise et par là même de prendre de vitesse Moscou qui s’apprêtait à faire de même. Craignant pour la sécurité d’Israël et la stabilité de la région, les Américains ne peuvent se résoudre à laisser le Liban basculer du côté russe. On se souvient bien du côté de Washington du temps pas si lointain où les armées égyptienne et syrienne, équipées de matériel russe, déferlaient sur Israël menaçant de fait la position américaine au Proche-Orient.
Dans le même temps, Moscou envoyait un autre signe fort à Washington en organisant à Cuba l’escale d’un de leurs navires de guerre. L’entrée de l’Amiral Chabanenko dans le port de La Havane montre ostensiblement le retour de la Russie en Amérique Latine. Cette arrivée fait suite à la visite remarquée de Dimitri Medvedev au Venezuela fin novembre qui a donné lieu à des manœuvres d’une partie de la flotte russe en Mer des Caraïbes. Le président russe en a profité pour signer avec Hugo Chavez une série d’accord de coopération sur le nucléaire et le pétrole.
Après l’intervention en Géorgie en août de cette année, ainsi que l’appui sans cesse renouvelé à l’Iran sur la question nucléaire, la Russie entend bien montrer par ces actes forts qu’elle est de retour sur la scène internationale après le repli quasi autarcique de la période Eltsine. Profitant de chaque faille de la diplomatie américaine, la Russie se veut être la nouvelle alternative à la Superpuissance en agrégeant autour d’elle les mécontents de tous les continents.
Nicolas Mazzucchi