Benoît Hamon a indiqué dans une entrevue au mensuel Bretons de janvier, qu’il souhaite être tête de liste aux élections européennes en Ile-de-France. Si l’annonce est recevable de la part du porte-parole du PS et eurodéputé sortant, elle rappelle surtout le grand écart de la famille socialiste sur la question européenne. Les socialistes veulent plus d’Europe mais, mais divergent sur le visage à lui donner. La nouvelle direction du PS elle-même, construite sur une alliance hétéroclite d’ennemis d’hier devra dégager un plus petit dénominateur commun, gage de sa survie et de l’unité du parti.
L’exercice s’avère périlleux. Les cicatrices de la campagne référendaire sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE) de 2005 sont encore vives. Le souffle de l’histoire semble donner raison aux eurocritiques. Après le rejet aussi spectaculaire qu’ inattendu de l’adoption du TCE, la crise majeure qui ébranle aujourd’hui le capitalisme bouleverse la vision européiste traditionnelle du PS.
L’Europe, c’est révélateur, était la grande absente de la plupart des textes présentés lors du Congrès de Reims. Faute de fond, les grandes contributions ont préféré parler d’Europe sociale. Un concept sinon creux, au moins sujet à de diverses interprétations. Pour Marylise Lebranchu, il s’agit d’une Europe “capable de réguler le capitalisme et ses méfaits” alors que Ségolène Royal évoque plutôt comme “une Europe qui n’empêche pas les Etats de décider du niveau de solidarité qu’ils souhaitent”.
L’absence de définition précise devrait être favorable à l’émergence d’un consensus sur la proposition de doter l’UE de ce fameux volet social dont l’absence a tant pesé lors du référendum de 2005. Selon Gérard Filoche, défenseur d’une harmonisation sociale et fiscale et d’un salaire minimum unique, “seule l’Europe sociale peut assurer l’avenir de l’Europe”. Les moyens pour y parvenir toutefois divergent. François Hollande a parlé de la défense d’un modèle social passant par l’adoption d’un protocole social fixant des convergences (salaire minimum, droit du travail, négociation collective,…). Christophe Caresche et Pierre Larrouturou ont, quant à eux, appelé à l’instauration d’un traité de l’Europe sociale. Clin d’oeil de l’histoire, Laurent Fabius héraut des nonistes en 2005 a fait sienne une proposition des socialistes européens : l’instauration d’une clause de sauvegarde sociale interdisant tout recul sur le plan social.
Avec la crise économique le sacro-saint principe d’autorégulation des marchés par une concurrence libre et non faussée défendu avec vigueur par la Commission a du plomb dans l’aile. La période actuelle offre une occasion inespérée à ceux qui estiment que l’intérêt général européen ne peut être constitué de la seule addition des intérêts privés mais, que la construction européenne doit se faire autour d’une puissance publique régulatrice et protectrice.
L’avenir se présenterait donc en rose pour les socialistes, s’ils n’étaient victimes d’une guerre picrocholine entre Aubrystes et Royalistes. Toujours dans le mensuel Bretons, le Brestois Benoît Hamon, dénonce la “rage” des proches de la présidente de Poitou-Charentes : “ils ont dans le sang ce poison de la division dans des proportions que l’on n’a jamais connues auparavant”. Dès samedi les proches de Ségolène Royal répliquaient en accusant à leur tour le porte-parole du PS de succomber à une “stratégie de la tension”. Un petit jeu mortifère à seulement six mois d’un scrutin qui pèsera lourd sur l’avenir politique de Martine Aubry.