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L'Asie pourrait sauver la conjoncture mondiale

Publié le 27 décembre 2008 par Sylsol
En 2009, les actions des nations émergentes ne se ressaisiront cependant qu'après une stabilisation des marchés financiers dans les pays industrialisés.
Avec une rare unanimité, les économistes anticipent une récession dans la plupart des économies des pays industrialisés au moins jusqu'en milieu d'année 2009. Seule planche de salut dans la crise actuelle: les pays émergents, et l'Asie en particulier. Contrairement aux crises précédentes, comme celle qui a frappé cette même région du monde il y a dix ans, les économies émergentes ne sont pas responsables du ralentissement actuel de l'économie mondiale, mais les victimes. Débutée aux Etats-Unis, la crise se transmet peu à peu aux économies émergentes par le biais des exportations.
Les pays émergents seront-ils happés à leur tour dans la récession qui s'installe outre-Atlantique, au Japon et en Europe? Tout dépend de leur stabilité financière ainsi que de leur capacité à mettre sur pied leurs propres plans de relance, considère la Banque cantonale de Zurich (BCZ) dans une étude récente. Actuellement, la plupart des Etats d'Asie affichent d'importants excédents de leur balance commerciale, une situation qui devrait se poursuivre en 2009. «Les termes de l'échange, soit le rapport entre le prix des exportations et ceux des importations, restent positifs pour l'Asie suite à la baisse du prix des matières premières. Ils sont en revanche négatifs pour l'Amérique latine et la Russie», explique la BCZ. En outre, plusieurs pays d'Asie disposent de réserves de devises considérables. Taïwan, la Malaisie, la Chine et la Thaïlande affichent les plus importantes réserves de change par rapport à leur produit intérieur brut, avant même la Russie. Autre indicateur très suivi en ce moment: l'endettement extérieur à court terme comparé aux réserves de devises est le plus faible en Chine et en Inde, tandis qu'il atteint des niveaux critiques en Hongrie, en Afrique du Sud ou en République tchèque par exemple. «La stabilité structurelle est un peu meilleure en Asie qu'en Amérique du Sud et nettement plus favorable qu'en Europe de l'Est», résume la BCZ.
Capacité d'intervention
La capacité d'intervention des pays émergents en matière de politique économique sera aussi décisive ces prochains mois. Pour nombre d'entre eux, la chute du prix des matières premières et de l'énergie - deux éléments qui pèsent beaucoup plus dans les dépenses qu'en Occident - renforce nettement plus le revenu disponible des ménages et réduit l'inflation. L'aptitude des Etats à mettre sur pied des plans de relance jouera aussi un rôle clé pour faire face à la crise.
De ce point de vue, l'Asie est également la mieux placée, estime la BCZ. La Chine, qui a annoncé début décembre un plan de relance équivalent à près de 600 milliards de dollars, en atteste. «Les pays émergents disposent aujourd'hui de capacités nettement plus importantes pour mettre sur pied des mesures fiscales de relance anticycliques», souligne également Austin Forey, gérant d'un fonds spécialisé dans les marchés émergents chez JPMorgan Asset Management à Londres. Il estime aussi la Chine mieux placée que l'Amérique latine. Au final, la progression du PIB des pays émergents devrait se limiter entre 3 et 4% en 2009, soit la moitié de leur taux de croissance de 2004 à 2007, prévoit la BCZ. Début décembre, Citi anticipait pour 2009 une croissance moyenne de 3,8% pour l'ensemble des pays émergents. Ce taux devrait atteindre 5,6% en moyenne en Asie, 2,4% en Europe de l'Est et 2,2% en Amérique latine.
Evaluation attrayante
Qu'est-ce que cela signifie pour l'investisseur? «En novembre, les actions des marchés émergents se traitaient en moyenne avec un ratio cours/bénéfice inférieur à 10 aussi bien pour 2008 que 2009. Ces titres affichent un rapport prix/valeur d'entreprise qui est tombé aux environs de 1,3, comparé à 2,5 dans la dernière période du cycle haussier induit par les matières premières», calcule JPMorgan, qui juge ces niveaux «très attrayants».
Malgré tout, les faibles niveaux d'évaluation (voir tableau) ne suffiront pas à eux seuls à relancer les actions des marchés émergents, prévient la BCZ. Seul le redressement des principaux indicateurs de l'OCDE («OECD Leading Indicator») peut servir de signal à un rebond des marchés. «Une stabilisation de la situation économique globale est la condition préalable à l'afflux de nouveaux capitaux étrangers vers les marchés émergents, ce qui alors fera remonter le prix des actions», anticipe la BCZ.
(Yves Hulmann - Le Temps - 27/12/08 - merci à Lupus pour cet article)

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