Mon Noël : récit de la journée

Par Eric Bernardin


Le lendemain matin, à peine levé, j'ai assisté à l'ouverture des cadeaux que le Père Noêl avait apporté pendant la nuit. Il est tout de même très très fort, le pèpère, malgré son âge avancé. Il avait même pensé à moi, sachant qu'il n'y avait pas grand monde qui était au courant que je serai le 25 au matin dans cette maison. ll travaille aux RG, ou quoi!?


Entre beaucoup d'autres choses, Mona a reçu une jolie robe de princesse qu'elle s'est empressée d'essayer. Y a pas, elle était faite pour elle, cette robe! Le père Noël est en plus un sacré couturier ;o)

Je me suis vite mis aux fourneaux, car je voulais cuire le rôti de veau qu'a acheté Pierre à basse-température. Lorsqu'on règle le four à 65°, il en faut du temps pour réchauffer une belle pièce de viande qui à est 6° à coeur (entre 4 et 5 heures, pour tout dire).
Le père Noël ayant également amené un syphon, je m'en suis servi pour faire le dessert et montrer à la femme de Pierre comment s'en servir. j'ai fait une recette relativement proche de celle-ci, sauf que la base de mon espuma était du nectar de mangue.


Nous avions aussi un morceau de boeuf de Chalosse qui s'est retrouvé "carpaccé". J'ai fait une sauce avec les herbes du jardin qui avaient résisté au gel, de l'huile d'olive, du balsamique et de la mushroom soya sauce.


J'avais amené mon propre syphon déjà plein d'une espuma de foie gras aux morilles préparée l'avant-veille. La démonstration a été impeccable jusqu'au milieu du 4ème verre. Il a alors émis quelques crachottis avant d'expulser le peu d'azote qu'il contenait encore. Il a fallu vider le reste avec une grande cuiller, ce qui donne un côté  plus laborieux à la chose. C'était néanmoins très bon (recette à suivre)!


Pierre avait acheté des noix de Saint-Jacques décoquillées. Elles eurent été encore dans leur habitat d'origine, je les aurais certainement faites en carpaccio. Je préférais ici les faire cuire un peu. J'ai trouvé un grill dans le placard. J'ai coupé les noix en deux ou trois selon leur taille, légèrement salées puis passées au grill une petite minute, et servies de suite directement sur celui-ci afin qu'elles ne refroidissent pas. Ca donnait un côté convivial à la chose :o)
Nous avions dans nos verres jusqu'à maintenant un étonnant muscadet "Schistes de Goulaine 2003" de Pierre Luneau Papin : gras, aromatique, équilibré par une belle acidité.  Un vin hors norme à glisser dans une dégustation à l'aveugle. Vous êtes sûr de piéger tout le monde! Nous passons alors à un champagne que j'ai amené, reçu deux jours plus tôt par la poste :


J'avais découvert le Clos des Goisses lors de la dégustation Millésima en novembre dernier. Le représentant de la maison Philiponnat nous avait confié que le 1992 se goûtait admirablement en ce moment. J'avais donc demandé à un LPVien qui a des accointances en Champagne de m'en procurer (ainsi qu'un 1995). Le trouvant un peu fermé à l'ouverture, j'avais décidé de le carafer environ 30mn  à l'avance.

Il s'est bien ouvert, dévoilant un nez sompteux et complexe sur le sous-bois, le santal, les fruits secs. La bouche est très ample, les bulles frizzantes et caressantes, avec une belle vinosité. Mais ce qui frappe le plus est une acidité vibrante qui porte littéralement le vin, lui donnant une droiture et une dynamique incroyables. Jusqu'au dernier verre, une petite heure plus tard, le champagne est toujours aussi "droit dans ses bottes". Impressionnant! Je m'attendais néanmoins à plus de sensualité. Le 95, déjà goûté en novembre, devrait plus répondre à mes souhaits.


Et voici le veau, avec un "risotto" (de pâtes avoine) aux morilles. Habituellement, je travaille plutôt le filet mignon de porc, moins cher. C'est très bon, mais ne prépare au choc que j'ai ici. La viande est fondante à un point inimaginable. Elle a gardé tout simplement  la tendreté qu'elle avait avant cuisson (et dieu sait que cette viande provenant du boucher était tendre!). Un régal!


Retour des chèvre nivernais pour finir le champagne. Le mariage est vraiment plaisant, surtout avec les fromages demi-secs.


Pour finir, le dessert. Tout simplement des mangues et de l'ananas frais, surmontés de l'espuma de mangue. Il accompagne l'un des 1001 vins qu'il faut avoir bu dans vie  : la cuvée Madame 2001 du Château Tirecul la Gravière. Que dire? Un mélange de puissance et de finesse. Une texture grasse, onctueuse, mais pas lourde pour un sou. Une longueur interminable. Du bon vin, quoi!
Je ne traîne pas très longtemps après le dessert, parce qu'il est déjà 16H15. J'ai 3h30 de route à faire. Et je n'aime pas trop rouler la nuit. Je remercie donc rapidement mes hôtes pour leur chaleureux accueil et repars vers Bergerac. Le lendemain, retour au monde réel ... et au travail!